Tunisie – USA : Cherche investissement direct, désespérément !

 

Les atomes accrochent entre les deux milieux d’affaires, cela a servi le
développement des échanges économiques et commerciaux. Mais les intérêts pour
l’investissement direct ne convergent pas, pour le moment…

C’est une initiative courageuse de la part du Bureau de la
TACC (Chambre tuniso-américaine
de commerce) de convier l’ambassadeur des Etats-Unis à commenter l’avenir des
relations économiques entre les deux pays et les rapports entre les deux milieux
d’affaires. Il y avait comme un parfum d’audition au Congrès, au dernier
déjeuner débat mensuel de la TACC. L’ambassadeur s’y est prêté de bonne volonté
et les participants avaient manifesté un intérêt enthousiaste ; ce qui a abouti
à un débat d’excellente tenue.

Un ami attentionné

Grand connaisseur de la région pour avoir exercé dans diverses capitales arabes,
notamment à Amman, au Caire et à Rabat, M. Gordon Gray est grand ami de la
Tunisie. Fin gourmet, il est également accro de notre gastronomie. M. Gray est
l’ami qui œuvre pour le bien des relations entre les deux pays. Et il entend
leur imprimer un grand bond en avant. Il est l’initiateur de la visite du groupe
d’hommes d’affaires américains qui ont visité la Tunisie au mois de février
dernier et qui sont repartis avec plein de projets dont on peut espérer un boom
dans les échanges entre les deux pays.

Dans la perspective de l’Open Sky, l’ambassadeur voudrait être la cheville
ouvrière d’une liaison directe entre son pays et l’île de Djerba. Il s’implique
pour trouver des financements de programmes de formation à l’adresse des
managers tunisiens. Il a fait campagne pour que les hommes d’affaires tunisiens
se rendent le mois prochain au Salon du «franshising» qui se tiendra à
Washington. Il a annoncé que le visa pour les Etats-Unis sera en ligne dans un
délai imminent et que l’application est en phase d’expérimentation à l’heure
actuelle, tout en rappelant que 80% des demandes de visas sont satisfaites avec
des autorisations de séjour de dix ans.

Oui au commerce

L’ambassadeur avait toutefois rappelé que son action se focalise sur les flux
avec les institutions américaines et qu’il ne saurait composer avec les milieux
d’affaires privés et recommande en l’occurrence aux hommes d’affaires tunisiens
de monter au créneau et de prendre l’initiative. Il s’est excusé de ne pouvoir
inviter Steve Jobs comme cela a été soulevé par l’un des participants mais qu’on
pouvait le solliciter directement d’autant que, rappelle-t-il, dans une subtile
dérobade diplomatique, le patron d’Apple a la réputation de répondre à son
courrier !

Le cadre actuel est donc propice à l’expansion des
échanges commerciaux. En
clair, Tunisiens et Américains seraient en train d’étudier la possibilité d’un
allégement réciproque des tarifs douaniers… ce qui ne manquerait pas d’accroître
la compétitivité des produits américains sur le marché local et vice versa.

Il a également soutenu que le travail d’image-building entrepris par les
autorités tunisiennes pour faire connaître le site tunisien ont porté leurs
fruits et que le déficit de notoriété s’est estompé. Les milieux d’affaires
américains connaissent bien l’environnement d’affaires tunisien et sont au
courant de son haut niveau d’attractivité et de compétitivité. Mais pourquoi ne
pas aller plus loin ?, s’interrogent des participants. Le fameux TIFA (Trade and
Investment free Agreement), c’est-à-dire le cadre de libre-échange est toujours
en plan. L’ambassadeur soutient que les deux parties sont prêtes à concrétiser
mais qu’il ne saurait, pour sa part, avancer une date pour la conclusion de cet
accord. Pourtant, pareil cadre serait d’un excellent effet. Pour le commerce,
d’abord, car il permettrait un cumul des règles d’origine à l’avantage de nos
industriels qui trouveraient de nouveaux débouchés. Et pour l’industrie, parce
qu’il favorise le partenariat.

Comment attirer l’investissement direct ?

L’ennui est que le développement du
commerce profite surtout à la partie
américaine comme le montre le tableau des flux d’échanges.

Echanges commerciaux

tab.gif

Les exportateurs tunisiens
sont pénalisés par l’étendue du territoire américain.
Ils ont d’énormes handicaps pour grouper leur effort promotionnel sur un Etat
précis ou une ville précise. Les expériences individuelles qui ont abouti sont
si rares. Celle des Moulins Mahjoub est si originale qu’il faut la citer en
exemple. En effet, l’entreprise a trouvé une opportunité audacieuse pour placer
son huile d’olive conditionnée (en bouteilles) dans un network de vente par
correspondance.

Les Tunisiens ont donc placé de grands espoirs dans l’investissement industriel
pour équilibrer les échanges et les développer. L’ambassadeur considère que,
malgré les avantages comparatifs de la Tunisie, le marché n’avait pas la taille
critique et que nos gisements de gaz et de pétrole ne sont pas assez importants.
L’écart n’est pourtant pas énorme avec la Jordanie ou le Maroc où les
investissements américains sont assez présents, ont répliqué certains
participants. On aurait aimé que la
FIPA soit représentée ce jour-là pour
défendre l’argument de l’avantage de la présence sur le site tunisien non pas
pour vendre localement mais pour exporter sur l’Europe, par exemple. Hélas, on
serait «so beautiful but too small».

A ce jour, environ 60 entreprises américaines sont implantées en Tunisie. Ce qui
représente un total d’investissements de 600 millions de dollars et un total de
12.000 emplois environ selon les statistiques américaines.