Un salon de l’agriculture morose et des paysans qui attendent des actes

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à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[07/03/2010 12:38:05] PARIS (AFP) Le salon international de l’agriculture, dont les portes ferment dimanche, s’achève dans une ambiance morose, les agriculteurs attendant désormais que le président Nicolas Sarkozy traduise ses promesses en actes pour sauver un secteur en crise.

Cette 47ème édition ne devrait pas battre le record de fréquentation de l’an dernier, selon Jean-Luc Poulain, président du salon qui mise sur un peu moins de 650.000 visiteurs, contre plus de 670.000 en 2009.

Il a souligné l’ambiance “grave et tendue” de cette grand’messe annuelle du monde agricole, confronté à la plus grave crise de ces trente dernières années.

Le moment fort a été la visite samedi du président Nicolas Sarkozy dont l’absence à l’inauguration une semaine plus tôt avait été critiquée.

Nombre d’agriculteurs, ainsi que le principal syndicat agricole, la FNSEA, avaient regretté “le manque d’intérêt” du chef de l’Etat pour un secteur en difficulté alors que les pouvoirs publics avaient apporté une aide massive aux banques et à l’industrie automobile.

Accueilli assez chaleureusement, hormis quelques sifflets, Nicolas Sarkozy a tenté de rassurer des agriculteurs dont il a reconnu “la souffrance et l’angoisse”. En 2009, le revenu des agriculteurs a baissé d’un tiers après une année 2008 qui avait été déjà très mauvaise (-20%).

Outre une aide financière complémentaire, le chef de l’Etat a surtout annoncé “un changement de méthode dans la préparation et la mise en oeuvre des mesures environnementales dans l’agriculture” qui devrait aboutir à un allègement des contraintes pour le secteur.

Un message qui a suscité une levée de boucliers chez les Verts.

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ésident Nicolas Sarkozy caresse une vache au salon de l’agriculture le 6 mars à Paris (Photo : Remy de la Mauviniere)

Ce changement de cap sur un des points forts du Grenelle de l’environnement a été salué par la FNSEA qui a loué le “pragmatisme” du chef de l’Etat.

Cette mesure était réclamée par bon nombre d’agriculteurs, et notamment les producteurs de fruits et légumes, en raison des charges supplémentaires qu’elle occasionne en ces temps de crise et freine leur compétitivité face à d’autres pays moins regardants en la matière.

Les Verts ont immédiatement réagi: le député Noël Mamère a qualifié Nicolas Sarkozy d'”apprenti sorcier” et d'”imposteur” tandis que Cécile Duflot a dénoncé le “calcul électoral” selon lequel “mieux vaut une voix agricole acquise à l’UMP qu’un pari sur le vote écologiste”.

Dans l’ensemble, les syndicats agricoles ont déclaré attendre, au-delà des promesses, des actes. Pour Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, la table ronde “a été utile, mais cela ne règle pas tout”.

François Lucas, président de la Coordination rurale a regretté qu'”aucune solution immédiate à la crise très grave” n’ait été proposée. Tandis que la Confédération paysanne a estimé qu'”il n’y a pas de perspective politique tracées pour sortir de l’impasse”.

Note inédite: près de deux mille producteurs laitiers, -l’un des secteurs les plus touchés par la crise- ont manifesté lundi en plein salon contre le prix trop bas du lait. Devant des visiteurs ébahis, les éleveurs ont organisé une “marche funèbre” pour symboliser la mort de la production laitière.

Un succès pour l’association des producteurs de lait indépendants (APLI), inconnue encore il y a un an, et présidée par Pascal Massol, qui a réussi l’exploit de s’entretenir un court instant avec Nicolas Sarkozy lors de la visite présidentielle.

En prévision des élections régionales, les responsables politiques ont été nombreux à se presser dans les allées devant des visiteurs, plus ou moins amusés. Mais à l’applaudimètre, Jacques Chirac, qui a 77 ans effectuait son énième marathon au salon de l’agriculture, est resté la vedette incontestée.