France Télécom : ministre du Travail et PDG tentent d’enrayer la vague de suicides

[15/09/2009 15:31:41] PARIS (AFP)

Face à la vague de suicides de salariés à , le PDG du groupe et le ministre du Travail ont tenté mardi de trouver des solutions pour enrayer le phénomène et mieux accompagner les salariés, traumatisés, selon les syndicats, par des restructurations à outrance.

“La première urgence est d’arriver à contrôler et arrêter le phénomène de contagion”, a déclaré Didier Lombard, après sa rencontre mardi au ministère avec Xavier Darcos, pour évoquer notamment les 23 suicides qui ont endeuillé l’entreprise depuis février 2008.

Vendredi une jeune femme s’est tuée à Paris, en se jetant par la fenêtre de son bureau, deux jours après qu’un autre salarié eut voulu se suicider en se plantant un couteau dans le ventre en pleine réunion.

Lundi, une salariée de Metz a également tenté de mettre fin à ses jours en avalant des barbituriques.

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à Paris où une salariée de France Télécom est décédée la veille en se jetant par la fenêtre. (Photo : Miguel Medina)

“La répétition dans une même entreprise d’événements si douloureux nous a conduit à entrer en contact avec” France Télécom et “oblige les pouvoirs publics à une vigilance accrue”, a déclaré pour sa part M. Darcos.

Sans vouloir “remettre en cause les progrès technologiques et les mutations nécessaires” dans les télécommunications, il faut “faire en sorte que ce progrès (…) nécessaire se fasse dans le plus grand respect possible de la vie des salariés”, a-t-il ajouté.

M. Darcos a souhaité que France Télécom mette en place une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences “appropriée, offrant aux salariés une visibilité sur leur évolution professionnelle”.

Deux négociations sur le sujet ont déjà échoué, aucun syndicat n’ayant accepté de signer un accord.

Le ministre a aussi demandé une “meilleure prise en compte de la situation personnelle dans l’organisation du travail, à l’image d’accords signés dans d’autres grandes entreprises”, comme EDF ou Renault.

Par ailleurs, le directeur général du Travail participera jeudi à une réunion du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de France Télécom.

“L’Etat se contente de déclarations incantatoires mais ne préconise aucune mesure concrète”, a regretté FO, s’indignant que la politique globale du groupe ne soit “remise en cause”.

De son côté, M. Lombard a assuré qu’il voulait “renégocier le contrat social de l’entreprise”, promettant que “le France Télécom de décembre ne sera pas” celui d’aujourd’hui.

Il a annoncé la mise en place immédiate d’un numéro vert avec des “psychologues extérieurs à l’entreprise”, à l’inverse des cellules d’écoute installées depuis un an.

Il a rappelé des mesures déjà annoncées la semaine dernière, comme la suspension des mobilités liées aux réorganisations jusqu’au 31 octobre.

Les syndicats du groupe qui accusent “les mobilités forcées” et le “management par la pression” d’être à l’origine des suicides, demandent l’arrêt total des restructurations.

M. Lombard a aussi affirmé que la négociation sur le stress, qui commence vendredi, abordera le sujet “sans aucun tabou”. Les syndicats désigneront vendredi un cabinet chargé de faire un état des lieux, a-t-il dit.

Il a enfin insisté sur le management, selon lui, “sous une pression émotionnelle exceptionnelle”, et a réaffirmé sa volonté de renforcer les équipes de ressources humaines et de médecins du travail.

Mais pour les médecins du travail, a averti M. Darcos, l’agrément ne sera délivré qu’après “un examen attentif des moyens mis en oeuvre pour traiter la prévention des risques psychosociaux”.