Bonus : des mesures insuffisantes à freiner la spéculation

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à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[26/08/2009 16:04:31] PARIS (AFP) Les mesures annoncées mardi par l’Elysée sur les bonus sont insuffisantes ou pas à la hauteur de la nécessité de limiter le poids croissant pris par les opérations spéculatives dans l’activité des banques, ont estimé les principaux syndicats de la profession mercredi.

“Les règles qui sont annoncées là, ne sont à mon avis pas encore suffisantes pour limiter les montants de bonus distribués”, car “tant que les montants seront importants on ne limitera pas suffisamment les risques”, a déclaré à l’AFP Véronique Descacq, secrétaire générale de la fédération des banques CFDT, première du secteur.

“Il n’y pas grand chose de nouveau” par rapport à “ce qui existait déjà comme code de bonne conduite de la profession, il y a quelques précisions, mais les principes restent les mêmes”, a-t-elle ajouté. “On reparle du versement des bonus, Sarkozy précise un chiffre, un tiers tout de suite, deux tiers plus tard, mais le principe existait déjà”.

“Le principe bonus/malus ne s’appelait pas comme cela dans le code de déontologie, mais il existait aussi”, le code prévoyant qu’un bonus n’est versé qu’une fois l’opération spéculative de la banque déjà terminée, a-t-elle souligné.

Les chances d’aboutir une réglementation mondiale seraient selon elle plus importantes en l’élaborant avec d’autres pays, comme l’Allemagne.

Pour Régis Dos Santos, président du SNB-CGC (deuxième syndicat de la profession), ces propositions éludent un problème majeur: le poids excessif des activités de marché dans la stratégie de la plupart des banques, démontré selon lui par la garantie apportée à Natixis par les Banques Populaires et la Caisse d’Epargne, deux pures banques de détail.

“Ce sont les besogneux qui doivent apporter leur garantie à ceux de la banque d’affaires qui nous regardaient de haut”, a-t-il déclaré à l’AFP.

“On parle beaucoup des conséquences” de ce poids excessif des activités spéculatives, les bonus, “mais personne n’évoque le rôle et la fonction du système bancaire”, a ajouté M. Dos Santos.

FO a souligné dans un communiqué que “le recours à la taxation aurait été préférable” et “à cet égard, les exemples de l’Allemagne et des Pays Bas ont montré que les marges de manoeuvre des gouvernements étaient plus vastes que celles que le gouvernement français veut bien se donner”.

Pour la CGT, “permettre aux banques de verser des bonus équivalents à plusieurs SMIC consiste en fait à les inciter à poursuivre, avec le soutien de l?Etat, les opérations spéculatives”.

“Les aides de l?Etat doivent être conditionnées à l?octroi des crédits aux taux réduits en faveur de l?emploi et de l?investissement productif, notamment en direction des PME”, affirme le syndicat dans un communiqué.

L?Union syndicale Solidaires estime aussi qu’il faudrait plutôt “mettre en place des outils pour financer l?activité économique dans un sens socialement et écologiquement utile”.