Artisanat, le parent pauvre du tourisme saharien

artisanat-douz1.jpgDur
!… Dur d’être artisan à Douz. Ils sont près d’une centaine dans le grand
Souk de la région, formant, autour de la place, un cercle d’à peu près cent
mètres de diamètre. Ce qu’ils proposent, c’est une pelletée interminable de
produits artisanaux, allant des épices (certaines sont le propre de la
région) jusqu’aux burnous, en passant par le tapis, la céramique, les tenues
du Sahara, le margoum, les chaussures, les parfums (des spécificités de la
région), etc.

Ils sont là, sur le pas de leurs échoppes, à attendre le miracle. Dès
qu’un visiteur à l’air étranger approche, ils se lèvent et vont à sa
rencontre, voyant en lui l’espoir d’un éventuel acheteur. Mais eux, les
rares visiteurs en cette période de l’année, ne font que tourner en rond, se
contentant de regarder et s’enquérant juste des prix.

Il faut dire que, d’octobre à avril, c’est la période des vaches maigres,
la basse saison si l’on préfère. Très peu de touristes et donc un commerce
comme pris en étau. Les choses ne vont connaître une certaine dynamique qu’à
partir de la mi-mai. Mais même en cette période, dite le début de la haute
saison, le commerce de l’artisanat n’est pas vraiment terrible. C’est le
tourisme saharien (randonnées dans le désert) qui fait un peu bouger les
choses. Forcément, le Sahara exige sa propre tenue. Par conséquent, c’est le
chèche, le pantalon-gilet et les chaussures du Sahara qui sont le plus
recherchés. D’où la présence du chèche dans la quasi-totalité des boutiques.

Le tapis, lui, est une autre affaire. Pourtant très beau, de diverses
formes et tailles, allant de 20 jusqu’à 700 dinars, le tapis ne marche pas
vraiment. Explication d’un artisan : «Nous sommes battus à plate couture par
les guides touristiques qui font des affaires avec les artisans de Kairouan
et surtout de Djerba. C’est eux qui décident que ‘‘leur’’ touriste n’achète
le tapis qu’auprès des artisans de ces deux régions, et même si le touriste
est parfois tenté d’en acquérir à Douz. C’est une question d’intérêts
mutuels».

C’est sûrement une aberration, une injustice, mais à Douz on ne se bat
pas, on ne fait pas grand-chose pour entrer de plain-pied dans la
compétition ; ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas de guides de la région à
même de contrecarrer une situation qui profite régulièrement aux autres
régions. «Ce qui fait sérieusement défaut à Douz, précise notre
interlocuteur, c’est l’absence de publicité et de promotion. Heureusement
qu’il y a les agences de voyages qui, de temps à autre, glissent une petite
pub sur leurs sites Internet. Autrement, personne n’entend parler de nous et
de nos produits. Nous végétons dans l’anonymat total».

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