Crise économique : Les entreprises tunisiennes exposées se défendent

Les trois principaux moteurs de la croissance tunisienne
(tourisme, textile-habillement et industrie off shore des composants
automobiles) pâtissent toujours de la crise économique, six mois après son
déclenchement.

Ces secteurs, qui dépendent de la demande européenne touchée de plein fouet
par la crise, ont connu des baisses d’activité significatives.

Rien que pour les industries mécaniques et électriques, plus de 30 mille
ouvriers contractuels mis en chômage technique ou en congé forcé risquent, en ce
mois de mars, si rien n’est fait, de perdre leurs jobs.

Les pouvoirs publics ont pris un arsenal de mesures pour atténuer les effets
pervers de la crise et projettent d’en évaluer l’efficience, d’ici début avril
prochain.

Pourtant, dans cette grisaille, des entreprises spécialisées dans les
composants automobiles se démènent pour exceller à l’export. D’autres opérant
dans le textile proposent des solutions technologiques compétitives adaptées à
la conjoncture. Pour sa part, l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) se
bat, sur tous les fronts, aux côtés de tour-opérateurs étrangers pour sauver la
saison en dépit d’une absence totale de visibilité.

Saga des efforts de trois entreprises…

Il y a tout d’abord la performance de la société tunisienne de filtres, “Misfat”,
fournisseur de filtres à air, huile, carburant et habitacle pour constructeurs
de véhicules. Cette entreprise, dopée par la récente absorption de son
partenaire français “Solaufil”, vient d’annoncer des commandes annuelles de
l’ordre de 5 millions d’euros (9 millions de dinars) sur le marché français de
la recharge indépendante du filtre. Le groupe Speedy, principal client en France
de Misfat, représente, à lui seul, un carnet de commande annuel de 2,5 millions
d’euros, livrable à 60% depuis la Tunisie et 40% à partir de la France. Les
produits “Misfat” seront commercialisés sous la marque “Mecafilter” qui jouit en
Europe d’une excellente image de marque.

Le textile et une nouvelle recette technologique

Dans le domaine textile, Lectra-Tunisie, filiale du groupe français, numéro
un mondial des solutions technologiques intégrées pour les industries
utilisatrices de matériaux souples (textile, cuir, tissus industriels et
composites), a lancé la nouvelle version Modaris V6R1. Il s’agit de la dernière
génération de sa solution de modélisme pour l’habillement, reconnue comme la
référence depuis près de 15 ans et adoptée par les plus grands noms de la mode à
travers le monde.

Destinée aux professionnels de l’habillement -marques ou distributeurs,
sous-traitants ou cotraitants, bureaux de services, écoles, Modaris V6R1 leur
permet de développer plus de patrons en moins de temps grâce à des outils de
construction performants, de réduire d’environ 20% les temps de création, de
modification, de gradation et de contrôle de leurs modèles.

Par ailleurs, Modaris V6R1 permet un meilleur fini des vêtements, via des
outils automatisant la création et l’ajustement d’ourlets, d’onglets et de
coins. Le temps gagné dans cette phase d’industrialisation des modèles peut
atteindre 50%.

En cette conjoncture où le textile-habillement figure parmi les secteurs les
plus exposés aux effets pervers de la crise économique internationale, la
nouvelle solution Lectra constitue un raccourci heureux pour tirer profit de
deux avantages compétitifs du textile tunisien : la réactivité et la proximité
de l’Europe.

Tourisme, cap sur l’étalement de la saison

Le tourisme, autre secteur générateur de devises pour le pays (quelque 3.360
millions de recettes en dinars une année auparavant), n’a pas, certes, souffert
en 2008 de la crise mais risque d’en subir les conséquences en 2009. L’heure
toutefois est à l’optimisme. Les autorités touristiques sont convaincues de la
capacité du secteur à faire face aux retombées de la crise financière mondiale,
et ce en dépit de «l’absence de visibilité pour l’année 2009 et de la tendance
de la clientèle européenne à traîner du pied pour faire leurs réservations». Ils
tablent particulièrement sur l’apport des marchés de proximité : Libye et
Algérie et sur l’étalement de la saison.

La lutte contre la saisonnalité du produit touristique demeure, pour les
autorités, un objectif majeur qui se doit de retenir l’attention des uns et des
autres au regard des atouts dont regorgent la destination tunisienne,
particulièrement le tourisme saharien, la thalassothérapie et la formule des
week-ends thématiques en Tunisie, d’autant plus que l’accessibilité aérienne ne
cesse d’être consolidée par le potentiel qu’offre l’ouverture de l’espace aérien
tunisien, Open Sky, aux compagnies aériennes étrangères.

En cette période de crise, l’accent est particulièrement mis sur
l’amélioration de la qualité du service, la promotion de la destination Tunisie
(affectation à cette fin de 40 millions de dinars), la diversification du
produit et la mobilisation de tous les partenaires de l’Office tunisien du
tourisme (compagnies aériennes, ONTT, Tour-operators et autres ministères) pour
préserver les acquis du secteur, gagner de nouvelles parts de marché et
promouvoir la destination Tunisie.

Dans cette même optique s’inscrivent les participations de la Tunisie aux
bourses touristiques en Italie (bourse internationale de Milan), France (Top
Reza), Espagne (bourse de tourisme de Madrid), Grande-Bretagne et Allemagne
(bourse de tourisme de Berlin). Au cours de ces participations, les responsables
du tourisme réitèrent, à l’adresse des voyagistes européens, l’engagement de la
Tunisie à soutenir et à contribuer à la réussite de leurs campagnes
promotionnelles ciblant la destination tunisienne.

Pour la destination Tunisie, réputée pour son bradage des prix, l’essentiel
est de ne pas céder aux pressions des tour-operators qui exigent, pour la
relance, une réduction des tarifs.