Plans de relance : l’Europe refuse de creuser excessivement ses déficits

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èque Alexandre Vondra, le 30 janvier 2009 à Ostrava (Photo : Michal Cizek)

[11/03/2009 15:00:30] STRASBOURG, Parlement européen (AFP) La présidence tchèque de l’UE s’est montrée mercredi très réservée sur les appels des Etats-Unis à dépenser davantage pour aider l’économie mondiale à repartir, soulignant la nécessité pour l’Europe de contrôler les déficits publics.

“Oui, nous devons continuer à adopter certaines mesures de court terme mais elles ne doivent pas mettre en danger les finances publiques sur le long terme”, a déclaré vice-Premier ministre tchèque chargé des Affaires européennes, Alexandre Vondra, au Parlement européen.

“Il est vrai que les Américains mettent la main au portefeuille, mais ils n’en sont pas à demander l’aide du FMI, ils n’ont pas à se soucier de stabilité économique pour préserver l’intégrité de leur zone monétaire”, a-t-il dit également.

Plusieurs Etats de l’UE (la Hongrie, la Lettonie et à présent la Roumanie) ont été contraints de demander des prêts au Fonds monétaire international et aux autorités européennes pour faire face à leurs difficultés financières liées à la crise.

Des responsables américains ont invité l’Union européenne à faire davantage en matière de politique de relance pour soutenir la demande mondiale, lui mettant la pression en vue du sommet économique du G20 le 2 avril à Londres. Et plusieurs députés européens ont relayé ces appels mercredi.

Lundi, les ministres des Finances de la zone euro ont clairement rejeté l’appel de Washington à ouvrir davantage les cordons de la bourse.

La position de l’ensemble des pays de l’Union européenne est plus nuancée. Leurs ministres des Finances ont indiqué mardi qu’ils voulaient dans l’immédiat se concentrer sur la mise en place des mesures déjà programmées, mais ils ne sont pas tous au diapason. La Grande-Bretagne en particulier n’est pas loin de soutenir la position américaine.

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à Londres (Photo : Lewis Whyld)

Son ministres des Finances, Alistair Darling, a jugé mardi qu'”au regard de la plus grave crise économique mondiale depuis des générations, les gouvernements doivent être préparés à en faire davantage”.

Pour stimuler leur économie, les Etats-Unis ont lancé en février un plan de relance doté de 787 milliards de dollars, représentant un effort de quelque 5,5% de leur Produit intérieur brut. Ils tablent sur un déficit budgétaire abyssal de 12,3% en 2009 et de 8% en 2010.

Les pays de l’Union européenne ont engagé des mesures d’un montant total moins important, évalué à 400 milliards d’euros (500 milliards de dollars) par la Commission européenne pour 2009 et 2010, soit 3,3% de leur Produit intérieur brut. Leur déficit public moyen devrait s’élever à 4% cette année, selon Bruxelles.

“Comment pouvez-vous imaginer que l’Europe fasse moins que nos amis américains? Nous avons besoin de plus”, a regretté le socialiste danois et ancien Premier ministre Poul Nyrup Rasmussen en interpellant M. Vondra.

“Il est facile de dire, au Parlement européen ou à la Commission, qu’il faut un plus gros paquet de soutien à la conjoncture, car ce ne sera pas notre argent, mais celui des Etats membres”, a relevé pour sa part le commissaire à l’Industrie Günter Verheugen. Et de préciser : “le budget communautaire n’a aucune flexibilité sur ce point”.