Guadeloupe : le LKP durcit le ton et appelle à descendre dans la rue

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à Pointe-à-Pitre (Photo : Dominique Chomereau-Lamotte)

[02/03/2009 05:41:06] POINTE-A-PITRE (AFP) Le collectif LKP a durci le ton dimanche soir, appelant, à la veille du 42e jour de grève générale, à “passer d’entreprise en entreprise” pour faire signer l’accord prévoyant une augmentation salariale de 200 euros.

“Non seulement nous allons demander l’extension de l’accord, mais nous allons passer d’entreprise en entreprise pour le faire signer”, a annoncé Elie Domota, porte-parole du collectif, devant près de 3.000 personnes à qu’il venait d’annoncer la poursuite du mouvement.

M. Domota a réitéré son intention de demander au ministère du Travail, qui en a la faculté, d’étendre à toutes les entreprises de Guadeloupe l’application de l’accord uniquement signé par des organisations patronales minoritaires.

“Cela fait quarante jours que nous sommes en mouvement, le LKP ne s’arrête pas, nous avons du travail pour quarante ans encore”, a-t-il ajouté, en faisant référence au 40 jours de Carême, très observé en Guadeloupe.

L’accord sur les salaires est rejeté par le Medef et plusieurs autres organisations patronales majoritaires, représentant notamment le secteur clé du tourisme.

Depuis Paris, la ministre de l’Intérieur et de l’Outremer Michèle Alliot-Marie a demandé dimanche à l’organisme patronal d’adopter “une attitude responsable” dans ces négociations.

Le LKP, qui avait laissé entendre qu’il pourrait suspendre la grève dimanche, a annoncé qu’il se prononcerait lundi après-midi après transmission d’un document demandé au préfet, actant les points d’accord.

Ce report a été saluée par une salve d’applaudissements des sympathisants qui ont manifesté leur ferveur en chantant en coeur “le combat continue”.

M. Domota les a appelé à se rassembler lundi à 08h00 à Baie-Mahault, à 8km de Pointe-à-Pitre: “demain nous venons en tennis”, a-t-il ajouté, sans plus de précision. “Environ 46.000 salariés toucheront au moins 100 euros de l’Etat mais il nous faut aller chercher les autres 100 euros”, a ajouté M. Domota.

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évroer 2009 à Pointe-à-Pitre (Photo : Dominique Chomereau-Lamotte)

“Le droit de manifester est libre”, a réagi le préfet de Guadeloupe Nicolas Desforges, interrogé par l’AFP, après l’annonce du LKP.

“Si ça se passe dans le cadre de respect de la loi, il n’y aura aucune difficulté”, a-t-il ajouté.

Après presque six semaines de paralysie, le préfet Nicolas Desforges avait lancé samedi un appel “solennel” devant la presse, affirmant que “l’essentiel” des revendications du collectif intersyndical LKP était “acquis”, notamment la plus “emblématique” portant sur la hausse de 200 euros des bas salaires.

De plus en plus de commerces lèvent leurs rideaux un peu partout dans l’île. Toutes les stations service sont désormais ouvertes.

“Nous devons être capables d’aller dans des supermarchés retirer un produit qui ne nous convient pas, de boycotter un magasin, ou de l’empêcher d’ouvrir s’il ne pratique pas un prix qui nous convient”, a annoncé M. Domota.

Ces propos traduisent une radicalisation, le LKP estimant avoir “déjà été trompé par (le secrétaire d’Etat chargé de l’Outremer) Yves Jégo et par le préfet (…) qui ont voulu faire croire de tout est réglé”.

En Martinique, l’accord qui paraissait jeudi à portée de main continue d’achopper, avec une confusion sur l’objectif des négociations, qui a varié ces derniers jours entre 200 et 250 euros d’augmentation des bas salaires. Les négociations devaient reprendre lundi à 15h00.