Malgré la crise, les Français ont retrouvé l’appétit de consommer en janvier

[24/02/2009 15:45:29] PARIS (AFP)

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Dans un grand magasin parisien lors des soldes, le 7 janvier 2009 (Photo : Jacques Demarthon)

Résistant à la morosité ambiante, la consommation des ménages a rebondi en janvier grâce à la baisse des prix, à la prime à la casse et aux soldes, une bonne surprise qui ne permettra toutefois pas à la France d’éviter la récession cette année.

Après un recul de 0,9% en décembre, les dépenses de consommation en produits manufacturés ont rebondi de 1,8% en janvier, a annoncé mardi l’Insee.

C’est “un début d’année en fanfare pour la consommation !”, a réagi Alexander Law, économiste chez Xerfi.

Ce rebond touche en effet toutes les catégories de biens.

Grâce aux soldes, les dépenses en textile-cuir ont notamment grimpé de 4,7%.

Les dépenses en biens durables ont également progressé de 2,7% sous l?effet conjoint de la hausse des dépenses en biens d?équipement du logement (+3,0% en janvier après -3,1% en décembre) et du dynamisme des achats des ménages en automobiles (+2,8% après +1,9%).

“La prime à la casse a bien produit son effet (…) et enrayé la baisse de la demande adressée au secteur”, souligne Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès.

Le rebond de la consommation coïncide aussi avec l’apaisement des prix, alors que l’inflation est passée de 3,5% l’été dernier à moins de 1% en décembre.

“Même si cette désinflation n’est pas nettement ressentie par les ménages, elle leur a mécaniquement redonné du pouvoir d’achat, et donc une capacité à consommer”, selon M. Bouzou.

“Il est possible, voire probable, que le soufflé retombe quelque peu en février”, prévient toutefois Alexander Law. “D?ailleurs, après être légèrement remonté en janvier, le moral des ménages a de nouveau fléchi”, souligne-t-il.

Les Français sont notamment inquiets de la montée du chômage. “Et ils ont raison”, estime M. Law: “ce qui sera gagné en termes de pouvoir d?achat par le recul de l?inflation sera reperdu, au moins en partie, par la dégradation de la situation sur le marché du travail”.

A Bercy, on se garde de tout triomphalisme. Les chiffres de la consommation sont “encourageants” et constituent “une bonne nouvelle”, mais “le contexte reste difficile”, souligne t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

“Avec la situation qui continue de se dégrader sur le marché du travail, on ne s’attend pas à une poursuite de la hausse, mais plutôt à une stabilisation”, ajoute-t-on de même source.

La publication de l’Insee conforte toutefois le gouvernement “dans son diagnostic de la situation économique et sur le fait que le soutien doit aller prioritairement à l’investissement”, selon Bercy.

Le plan de relance de 26 milliards d’euros, annoncé en décembre par Nicolas Sarkozy, a été très critiqué par les socialistes qui lui reprochent de négliger la consommation. Mercredi dernier, le chef de l’Etat a annoncé une série de mesures sociales destinées à venir en aide aux principales “victimes” de la crise, ce qui n’a pas suffi à faire taire les critiques.

Pour les économistes, le rebond de la consommation ne suffira en tout cas pas à éviter une récession cette année, tant la situation s’est dégradée sur le front de l’industrie et des exportations.

Lundi soir, Christine Lagarde a souligné que la nouvelle prévision du gouvernement, attendue début mars, serait “légèrement meilleure” que celles de la Commission européenne et du Fonds monétaires international (FMI).

Bruxelles table sur un recul du Produit intérieur brut (PIB) français de 1,8% en 2009, quand le FMI s’attend à une baisse de 1,9%.