Investissement dans le secteur énergétique en Tunisie : de 500 MDT en 2005 à 2950 MDT en 2009

Le magazine Réalités organise vendredi 20 février un séminaire
sur le secteur énergétique en Tunisie. A l’occasion, Maître Samir Abdelli nous
dévoile quelques données sur le secteur.

“L’activité d’exploration et de production des hydrocarbures en Tunisie est
réalisée en association avec l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP),
soit sous la forme d’une association en participation, soit sous la forme d’un
contrat de partage de production.

37 permis d’exploration ont été accordés à ce jour à 43 sociétés
internationales et tunisiennes, la conjoncture nationale se caractérise par une
croissance soutenue de consommation de l’énergie estimée à 4% par an, dans un
contexte mondial marqué par la mondialisation, l’épuisement des réserves
pétrolières, l’instabilité du prix du brut et les changements climatiques dus,
selon les experts, aux émissions de gaz carbonique. Cette mobilisation
nationale, si bien tracée, coordonnée et suivie par le ministère de l’Industrie,
de l’Énergie et des PME, est à la mesure des défis auxquels le pays est
confronté.

A l’horizon 2010, on prévoit une demande d’énergie primaire de l’ordre de 9
Mtep (millions de tonnes équivalent de pétrole) dont 54% de pétrole et 46% de
gaz naturel. La demande d’énergie finale atteindrait 7 Mtep à l’horizon 2010
dont environ: 61% de produits pétroliers, 20% de gaz naturel et 19%
d’électricité. La subvention des produits pétroliers de source officielle
s’élèvent à 750 MDT en 2007 et de1.525 MDT en 2008.

Une consommation en hausse face à une stabilité des ressources

La situation tunisienne est caractérisée par un accroissement de la
consommation et une stabilité des ressources. Pour mémoire, la balance de
l’énergie première du pays a enregistré, à partir de 2001, un déficit accru qui
a atteint 0,1 million de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2007, contre un
excédent de 2,2 millions de TEP en 1987. La maîtrise de l’Énergie s’avère par
conséquent indispensable; à ce propos, l’objectif du gouvernement tunisien est
d’arriver d’ici 2011 à économiser 20% de l’énergie et d’encourager le recours
aux énergies renouvelables en y introduisant 4% dans la consommation globale du
pays et 10% dans la capacité de production électrique (200 mégawatts d’éolien
d’ici 2011). L’Etat envisage également d’augmenter la capacité de raffinage par
la construction d’une nouvelle raffinerie de 6 MT (millions de tonnes) en
attendant la construction d’une centrale nucléaire à 1’horizon 2020.

42 forages en 2009

Le nombre de forages en Tunisie est passé de 14 en 2005 à 42 en 2009,
engendrant un accroissement dans la production des hydrocarbures de 6.1 à 7.9
pour la même période. Ceci grâce, en partie, à la diversification des
investissements dans le secteur énergétique dans notre pays au bout de trois
décennies dominées par la présence européenne et américaine du Nord.
Aujourd’hui, nous remarquons des présences asiatique et russe (Petrovas China
Petroleum Corporation, Petrovietnam et Russe vietsovpetro). Précisons que les
investissements de l’exploration et de développement sont passés de 500 MDT en
2005 à 2.950 MDT en 2008.

La maîtrise de l’énergie et la promotion des énergies renouvelables ont
nécessité la mobilisation de grands moyens. Depuis 1987, l’Agence nationale de
maîtrise de l’énergie (ANME) s’est attelée à mettre en exécution un programme
national de maîtrise de l’énergie, axé essentiellement sur la mise en place du
cadre juridique et des incitations financières et fiscales pour atteindre les
objectifs fixés en matière d’économie d’énergie.

Par la suite, des programmes et des plans ont été mis en œuvre. Ils ont été
appuyés par plusieurs mesures présidentielles permettant la réalisation d’une
économie d’énergie de 400.000 tep (tonne équivalent pétrole) en 2007 et la
réduction continue de l’indice global de densité énergétique, pendant les deux
dernières décennies. Deux programmes successifs de maîtrise de l’énergie ont été
tracés à partir de 2005. Le premier (2005-2008) a abouti à une économie
d’énergie évaluée à environ 700.000 tep en 2007 (soit environ 7% de la
consommation nationale).

L’objectif du deuxième (2008-2011) est de passer de 7% à 20 % d’économie
d’énergie (2 millions de tep) et de réaliser 4% d’énergies renouvelables dans la
consommation globale.

Un appel d’offres a été lancé en septembre 2008 pour la construction d’une
centrale de 1.200 MW dont 400 MW pour le marché local le reste pour le marché
européen.

Ce projet est le produit d’une coopération tuniso-italienne visant la
réalisation d’une centrale électrique d’une puissance de 1200 KW dans la région
du Cap Bon et d’une interconnexion sous-marine entre les deux pays.

La centrale servira essentiellement à approvisionner les marchés tunisien et
italien en énergie électrique à hauteur de 400 MW pour le premier et de 800 MW
pour le second.

L’importance du projet en question réside dans sa capacité à satisfaire les
besoins annuels du pays en énergie électrique, estimés à 400 MW à partir de
2011. Il représente également une opportunité pour accéder au réseau européen
par le biais de l’Italie. Ce qui permettrait à la Tunisie d’exporter son énergie
électrique et de profiter pleinement de sa liaison avec l’Europe.

Une raffinerie à Skhira

L’implantation de la nouvelle raffinerie de pétrole à Skhira ne saurait
tarder. La concession, remportée par Qatar Petroleum International, porte sur la
construction et l’exploitation d’une raffinerie avec une capacité minimale de
120.000 barils par jour pour la fabrication de produits pétroliers et dérivés.
Le coût estimé du projet est de 1,872 milliard de dollars. Les aspects fonciers
ont été finalisés et les aspects techniques sont en train d’être étudiés par un
grand bureau d’études français. Le projet de la nouvelle raffinerie devrait
permettre de multiplier par trois la production nationale de pétrole raffiné,
assurée jusque-là par l’unique raffinerie de la STIR créée en 1963 et dont la
capacité de production est d’environ 2 millions de tonnes.

Du nucléaire pour 2020

L’étude de l’opportunité d’introduction de l’option nucléaire dans le parc
national de production d’électricité a permis d’identifier deux sites
susceptibles d’accueillir la centrale produisant l’énergie nucléaire, l’un au
Sud et l’autre au Sahel. La Tunisie ambitionne, à travers la création d’une
station d’une superficie de 800 hectares, la production de 1.000 mégawatts pour
un coût estimé à 3 millions de dinars. Suite à la décision présidentielle du 3
novembre 2006, une équipe multidisciplinaire a été constituée en 2007 à la STEG
pour mener une étude de faisabilité technico-économique de l’introduction de
l’électronucléaire.

Les activités de cette équipe sont basées sur un plan d’actions stratégiques
qui prévoit l’achèvement de l’étude à la fin de l’année 2011 et qui permettra
d’entamer l’élaboration des cahiers des charges pour le lancement de l’appel
d’offres.

Cependant, la vigilance doit être de règle surtout en cette période de crise
financière où beaucoup d’investisseurs cotés dans les Bourses ont été touchés de
manière substantielle, notamment ceux impliqués dans l’exploration et qui,
généralement, collectent les fonds à risque à partir de ces Bourses. Le
renforcement de la coopération maghrébine et méditerranéenne est important (la
question cruciale pour le projet de raffinerie de la Skhira est son
approvisionnement en brut qui ne peut être fourni par le marché local,
l’implication d’un pays voisin pourrait résoudre ce problème).

Le secteur de l’énergie en Tunisie : stratégique

L’épuisement des ressources pétrolières, l’augmentation de la consommation
nationale de l’énergie, l’incertitude des prix internationaux du pétrole sont
des défis parmi d’autres qui doivent être considérés dans chaque action prise ou
plan conçue pour développer ce secteur.

La maîtrise de l’énergie et la promotion des énergies renouvelables figurent
parmi les pistes privilégiées par les pouvoirs publics pour faire face aux défis
rencontrés dans le secteur énergétique.

Le renforcement de la coopération maghrébine et méditerranéenne dans le
domaine de l’énergie, le développement de l’utilisation du gaz naturel dans les
secteurs industriels sont des moyens, entre autres, une fois employés peuvent
donner leurs fruits dans le moyen et long terme.