Encore privé de son secrétaire au Trésor, Obama veut agir vite

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à la Maison Blanche pour évoquer l’économie (Photo : Tim Sloan)

[25/01/2009 09:51:15] WASHINGTON (AFP) Encore privé de son secrétaire au Trésor, le nouveau président américain Barack Obama a confirmé son intention d’agir vite sur le front économique, alors que la crise semble s’aggraver et que plusieurs grandes banques du pays vacillent au bord de l’abîme.

Choisi par M. Obama pour succéder à Henry Paulson à la tête du Trésor, Timothy Geithner a vu son processus de confirmation par le Sénat ralenti après des révélations sur ses revenus non déclarés au fisc il y a quelques années, une situation qu’il a depuis régularisée.

Estimant que la situation économique dramatique du pays imposait de ne pas retarder davantage sa nomination, la commission sénatoriale chargée d’évaluer M. Geithner l’a blanchi jeudi, et sa nomination doit être mise aux voix lundi.

M. Obama, qui a demandé à ses conseillers économiques de lui rendre compte chaque jour de la situation, a réuni vendredi les dirigeants républicains et démocrates du Congrès pour les exhorter à adopter rapidement un plan de relance de 825 milliards de dollars. Ce plan prévoit de consacrer 550 milliards à des dépenses d’investissements et 275 milliards à des réductions d’impôts.

Il souhaite pouvoir le promulguer avant la mi-février.

Les républicains ont présenté un contre-projet, jugeant que la facture était trop lourde, au moment où le Bureau du budget du Congrès (CBO) pronostique un déficit budgétaire gigantesque.

Le CBO a par ailleurs estimé dans la semaine que la moitié seulement des dépenses prévues seraient effectivement engagées en 2009 et 2010, et plutôt la seconde année.

Pour Alec Phillips, économiste de Goldman Sachs, toute la question est de savoir si l’argent arrivera “suffisamment tôt”.

Or tout le monde convient que l’économie américaine a besoin d’une injection rapide de liquidités.

Malmenées en Bourse pendant la semaine, les banques américaines sont apparues encore extrêmement fragilisées malgré les quelque 230 milliards de dollars injectés par l’Etat depuis l’automne.

Alors que le débat a été relancé sur la façon de régler une fois pour toutes la question des actifs invendables accumulés lors de la dernière bulle immobilière, l’économiste Nouriel Roubini, l’un des premiers à avoir prédit la crise, a estimé que celle-ci coûterait 3.600 milliards de dollars aux banques de la planète. La moitié de cette facture reviendra aux seules banques américaines, qu’il juge à la “limite de l’insolvabilité”.

Après des informations de presse affirmant que le gouvernement envisagerait la création d’une structure publique de défaisance chargée de délester les banques de ces actifs, le financier George Soros écrit vendredi dans le Financial Times que cela “maintiendrait en vie artificiellement les banques à un prix considérable pour le contribuable”. Et ceci, “sans les mettre en état de prêter à des taux concurrentiels”.

Selon M. Soros, le gouvernement Obama fait face à un choix cornélien entre “nationaliser partiellement les banques ou les laisser aux mains du privé mais en nationalisant leurs actifs empoisonnés”.

Alors que le marché “demande une décision rapide”, M. Soros conseille au gouvernement de ne rien annoncer tant qu’aucune décision n’a été prise, et ensuite de s’en tenir à ce qui a été annoncé, à l’inverse de ce qu’avait fait M. Paulson.

C’est la position adoptée par M. Geithner. Devant le Sénat, il a dit espérer revenir rapidement devant le Congrès avec “un plan complet” pour les banques.