La situation qui “empire” au Japon assombrit encore les perspectives mondiales

[22/12/2008 22:00:20] PARIS (AFP)

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écembre 2008 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Les perspectives économiques mondiales s’assombrissaient encore lundi, le Japon reconnaissant que sa situation “empirait” dans une conjoncture internationale détériorée.

Le gouvernement japonais a établi un diagnostic sombre sur son économie estimant dans son rapport mensuel que la situation “empirait”, les différents secteurs étant affectés “à un rythme exceptionnellement élevé” par la détérioration de la conjoncture internationale.

“Plusieurs facteurs négatifs pourraient rendre la récession plus profonde et plus longue”, s’est inquiété un responsable ministériel.

En parallèle, le ministère des Finances a annonçé un effondrement sans précédent des exportations du Japon en novembre et un deuxième déficit commercial d’affilée, en raison d’une dégringolade vertigineuse de la demande aux Etats-Unis, en Europe et même en Chine.

Ajoutant à ce sombre tableau, le géant automobile Toyota, première entreprise du pays, a reconnu qu’il subirait l’an prochain la première perte d’exploitation de son histoire.

“L’environnement qui nous entoure est de plus en plus rude et difficile. C’est une situation d’urgence sans précédent”, a déclaré son PDG Katsuaki Watanabe.

Le premier fabricant de pneus japonais Bridgestone, a pour sa part largement réduit ses prévisions de résultats financiers annuels, n’escomptant plus qu’un bénéfice net de 12 milliards de yens (96 millions d’euros) contre 66 milliards de yens auparavant.

Toujours en Asie, le constructeur automobile sud-coréen Ssangyong Motor ne pourra honorer le paiement des salaires en décembre. Le versement, initialement prévu mercredi, a été reporté à une date non spécifiée.

Dans ce contexte, le déblocage aux Etats-Unis de plus de 17 milliards de dollars pour General Motors et Chrysler, n’a pas suffi à ramener les Bourses mondiales en territoire positif.

En Europe, les principales places financières ont clôturé en repli, Paris cédant 2,31%, Londres 0,88% et Francfort 1,23%. La Bourse de New York avait quant à elle ouvert sur une note irrégulière avec le Nasdaq en léger repli et le DJIA en faible hausse.

Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a tiré la sonnette d’alarme dimanche. Il a estimé que des plans de relance économique plus ambitieux devaient être mis en oeuvre, sans quoi les prévisions pour les mois à venir allaient devenir encore “plus sombres”.

“Je vois que des mesures ont été annoncées, mais j’ai peur que cela soit insuffisant”, a déclaré M. Strauss-Kahn, à la BBC radio Four, rappelant que la “société entière (allait) souffrir de la récession”..

Le gouverneur de la Banque d’Espagne n’a pas exclu pour sa part une “grande dépression”, l’incertitude sur l’économie mondiale étant actuellement “totale”.

“Le marché interbancaire ne fonctionne pas et génère des cercles vicieux: les consommateurs ne consomment pas, les entrepreneurs n’embauchent pas, les investisseurs n’investissent pas et les banques ne prêtent pas”, a commenté Miguel Angel Fernandez Ordoñez au journal El Pais de dimanche.

“Il y a une paralysie presque totale à laquelle personne n’échappe”, a-t-il ajouté.

Seule note plus optimiste quant à une sortie de crise, le point de vue du chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE) Jürgen Stark. Il estime dans un entretien à paraître mardi qu’une reprise progressive de l’économie pourrait démarrer à la fin 2009.

Il y a “des arguments plaidant pour une reprise graduelle à partir de la fin de l’an prochain”, a déclaré M. Stark au quotidien régional allemand Westdeutsche Allgemeine Zeitung.

“Nous aurons alors de meilleures prévisions pour 2010 qu’actuellement pour 2009”, a-t-il ajouté.

Début décembre, la BCE a estimé que le Produit intérieur brut allait reculer de 0,5% l’an prochain dans la zone euro pour croître ensuite de 1% en 2010.