La D-carte, un courrier “high tech” fabriqué par des handicapés bretons

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ée le 17 décembre 2008 (Photo : Fred Tanneau)

[19/12/2008 11:35:16] LANDUDEC (Finistère) (AFP) Devant son écran, Jérôme, un jeune handicapé, finalise le montage d’un diaporama qui sera distribué sous la forme d’une D-carte, la carte postale DVD nouvelle génération, produite dans un Etablissement et service d’aide par le travail (ESAT) du pays bigouden.

D-carte? C’est une carte postale avec en son centre un mini DVD de 9 cm de diamètre qui peut contenir 25 minutes de film ou plus de 200 photos. Dans un souci esthétique, le petit disque qui reproduit une partie de l’image se fond dans celle de la carte postale.

Arrivé il y a quatre ans à l’ESAT de Ty Varlen, Jérôme, 22 ans, a appris le montage vidéo et la PAO dans l’atelier “avec les collègues” de l’établissement qui dépend de la Mutualité française 29-56.

“Je suis content. C’est de la création et je ne fais jamais la même chose dans ce travail”, affirme Jérôme, un des 36 handicapés moteur-cérébraux de Ty Varlen installé à Landudec à quelques encablures de Douarnenez en pleine campagne.

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écembre 2008 à Landudec (Photo : Fred Tanneau)

“Le cadre est sympa, mais ce qu’il y a de bien, c’est que chacun va à son rythme. Par rapport au milieu ordinaire, ici, il y a moins de stress”, embraye un collègue de Jérôme, Eric, un spécialiste de la PAO âgé de 45 ans dont 18 ans en CAT (Centre d’aide par le travail, devenu ESAT).

Claude Maidenberg, dirigeant d’une petite société d’informatique Champ libre installée dans le haut pays bigouden, est l’inventeur de la D-carte. L’informaticien s’est lancé seul dans l’aventure de ce courrier digital en 2004. “A l’époque, les premières demandes sont venues de Laponie en Finlande”, s’étonne-t-il encore.

Mais ce touche-à-tout passionné d’images est rapidement dépassé par le succès commercial de son invention. Les demandes des musées, des photographes, des cuisiniers pour leur recette, et des éditeurs de cartes postales génériques sur chiens, chats et autres chevaux, remplissent le carnet de commandes.

La sous-traitance s’impose. Claude Maidenberg prend contact en 2005 avec l’ESAT de Ty Varlen sans vraiment connaître le milieu protégé. Les liens commerciaux se transforment en une profonde amitié faite de complicité et d’espièglerie entre l’informaticien et les handicapés de l’ESAT dirigé par Philippe Corre.

Le succès est au rendez-vous, avec une centaine de titres et 350.000 D-cartes réalisées en 2007. “La production est multipliée par 3 tous les ans”, annonce Philippe Corre en précisant que la D-carte représente 60.000 des 280.000 euros de chiffre d’affaires de l’ESAT, au départ spécialisé dans les travaux d’horticulture et d’imprimerie.

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ée dispose un DVD sur une carte postale, la D-carte, le 17 décembre 2008 à Landudec (Photo : Fred Tanneau)

“Un accord a même été trouvé avec l’Art Institut of Chicago”, déclare fièrement Claude Maidenberg qui vient de passer six mois aux Etats-Unis où la D-carte est également brevetée.

“La Poste nous a commandé 80.000 exemplaires qu’il faut livrer dans un délai d’un mois”, s’inquiète le directeur de Ty Varlen. A son tour, il envisage de confier ce surplus d’activité à d’autres ESAT.

La D-carte, qui pèse 20 grammes et s’affranchit au tarif normal, a tout naturellement trouvé sa place dans les présentoirs auprès des cartes traditionnelles.

Son prix de 5 euros en fait un courrier de luxe mais dont le contenu s’avère finalement bien plus exhaustif que les quelques lignes que l’on peut griffonner à son dos.