Fannie Mae accuse une perte colossale et s’inquiète pour son avenir

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ège de Fannie Mae, le 14 juillet 2008 à Washington (Photo : Karen Bleier)

[10/11/2008 18:10:47] NEW YORK (AFP) Le spécialiste américain du refinancement hypothécaire Fannie Mae, placé sous tutelle de l’Etat en septembre, a reconnu que son avenir continuait à s’assombrir, après avoir enregistré une perte colossale de 29 milliards de dollars au troisième trimestre.

Le groupe, qui garantit ou possède avec son homologue Freddie Mac plus de 40% de l’encours des prêts immobiliers aux Etats-Unis, a souligné lundi les “incertitudes croissantes” qui pesaient sur son activité.

“La crise actuelle aux Etats-Unis et sur les marchés financiers mondiaux va continuer d’affecter les résultats sur le reste de 2008 et en 2009”, a averti Fannie Mae dans un document remis au régulateur boursier américain SEC.

Ces propos pessimistes accompagnaient la publication des résultats trimestriels de Fannie Mae, en perte pour le cinquième trimestre consécutif.

Au cours des trois mois achevés fin septembre, Fannie Mae a accusé une perte nette de 28,9 milliards de dollars, contre une perte nette de 1,4 milliard de dollar un an plus tôt. Le groupe cumule ainsi plus de 33,5 milliards de dollars de pertes depuis le début de l’année.

Le groupe américain, qui bénéficie désormais de la garantie explicite des pouvoirs publics, a notamment souffert du passage d’une provision de 21,4 milliards dans ses comptes pour raison fiscale, mais aussi de pertes sèches sur son portefeuille de produits et sur ses investissements.

Fannie Mae considérait jusqu’alors comme un actif ses pertes accumulées au cours des trimestres précédents, dans la mesure où elles allaient venir en déduction de ses impôts futurs. Mais sans perspective réaliste de retour aux bénéfices, le groupe a dû déprécier la valeur de ces “actifs de papier”.

Le constructeur automobile GM avait effectué une opération similaire l’an dernier, dépréciant alors la somme faramineuse de 39 milliards de dollars.

Dans son communiqué, Fannie Mae a souligné ne pas voir la fin de la crise crédits hypothécaires, qui avait débuté en 2007 et devrait continuer à affecter ses résultats en 2009.

Fannie Mae a notamment mentionné la “poursuite de la hausse du taux de chômage” aux Etats-Unis, “une baisse continue des prix de l’immobilier”, de l’ordre de 7% à 9% en 2008, et “un niveau de défauts de paiements en croissance continue d’ici la fin de l’année et encore en 2009”.

Cet environnement devrait générer “une hausse conséquente des provisions pour impayés” chez Fannie Mae, et “des difficultés en matière d’accès au crédit” pour le groupe, s’il ne peut obtenir de soutien supplémentaire des pouvoirs publics.

Au-delà des chiffres, Fannie Mae a souligné l’existence d’incertitudes “sur (son) statut” et son “modèle économique”, en référence aux réflexions engagées par les autorités américaines sur l’organisation future du marché du refinancement hypothécaire.

Fannie Mae et Freddie Mac, mis à mal par la dégradation des marchés financiers et de l’immobilier, ont été placés sous tutelle des pouvoirs publics début septembre. Le Trésor a prévu d’investir jusqu’à 100 milliards de dollars dans chacune des deux entreprises pour consolider leurs finances.

En dépit des pertes colossales de Fannie Mae, l’agence de notation Moody’s Investors Service lui a maintenu sa note optimale “Aaa”. Fannie Mae bénéficie en effet du soutien sans faille des pouvoirs publics “au vu de son rôle pivot dans le système hypothécaire américain et de l’importance du secteur immobilier dans l’économie du pays”, a expliqué l’agence.

Mais elle a souligné qu’il n’était pas sûr que Fannie Mae retrouve à l’avenir “le même périmètre et les mêmes niveaux de bénéfices d’avant sa mise sous tutelle”.