Mais où est donc Miss Tunisie?


Par Mohamed Bouamoud


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Cela remonte à si loin
dans le temps qu’on ne se souvient plus du dernier concours de Miss Tunisie.
Au milieu des années quatre-vingt, peut-être. Et depuis, plus rien. Pourquoi
?… Nous ne le savons pas. Mais nous avons quelques hypothèses. Il se peut
que, depuis, la Tunisie n’ait plus donné naissance à la moindre petite
beauté. Ce qui n’est pas vrai : quand on voit ces canons, ces tonnerres qui
courent nos rues, on se rend à l’évidence que notre pays recèle d’immenses
beautés. Il se peut que nos filles ne veuillent plus se donner en spectacle
sur un podium. Là encore, c’est faux. A les voir se déhancher à qui mieux
mieux sur les plages, on réalise leur désir irrésistible de donner toute la
mesure de leurs charmes. Il se peut qu’il n’y ait plus une seule agence qui
soit tentée d’organiser un tel concours. Possible. Mais pourquoi ?…

Le concours d’élection d’une miss constitue le plus beau spectacle qu’on
puisse organiser. La gent féminine, et surtout masculine, sera nombreuse à
venir apprécier le dernier cri de la beauté féminine. D’ailleurs, c’est même
très rentable. Imaginez une soirée dans un chic 5 Etoiles avec orchestre,
danse du ventre…, euh, non, pas la peine : le ventre avachi de nos danseuses
paraîtrait une fausse note dans une soirée de miss. On peut même fixer un
guichet à 30 dinars l’entrée par tête d’habitant (non, par tête de curieux,
de passionné de corps féminins). Mais c’est de l’art, tout ça. De l’art on
ne peut plus pur puisque c’est humain. Sans compter, pour les participantes,
la chance de pouvoir évoluer dans d’autres domaines : top model, spots
publicitaires, représentante de marques de produits cosmétiques et autres.
Mais oui !

Le concours d’élection de miss peut déboucher sur un nouveau marché de
l’emploi. Imaginez une fille sans baccalauréat, sans informatique, sans
vraie culture générale. Et alors ?… Qu’est-ce qu’elle peut faire ? Pour
peu qu’elle ait un corps de rêve, et hop !, tous les postes d’emploi se
déploient sous ses pieds. Au pire des cas, elle peut trouver un mari dans
les 24 heures qui suivent le concours. Bien sûr : le mariage, de nos jours,
est aussi un poste d’emploi pas toujours évident. De nos jours, pour
accepter de se marier, le Tunisien exige de ces deux critères l’un : ou que
la fille ait un vrai poste (médecin, ingénieur, avocate, professeur, etc.),
ou un corps à faire mordre leurs doigts à tous les hommes.

Non mais, ce qui nous paraît un peu vexant, c’est que tous les pays du monde
ont leur miss. Sauf nous. Regardez Valérie Bègue, Miss France 2008. Du fond
de sa Réunion natale (non : de la surface, puisqu’on l’a vue), elle a été
bombardée Miss France. Regardez-la et vous constaterez que nos filles sont
cinquante fois plus belles qu’elle (pas tout à fait cinquante :
cinquante-trois probablement). Autre vexation : la Tunisie ne participe
jamais à l’élection de Miss Univers. Mais pourquoi ? Nous avons des filles
tellement belles que nous, les hommes, ne faisons que mordre dans nos doigts
rien qu’à les voir passer dans la rue. D’ailleurs, c’est simple : nous
n’avons plus de doigts pour les avoir tous mordus. Avec l’élection de Miss
Tunisie, nous risquerons de mordre jusque dans nos mains. La belle affaire :
nous serons des manchots à cause de quelques beautés. Non, il vaut mieux
pas. Oublions cette histoire.