La croissance économique de l’Inde ralentit à son plus bas niveau en trois ans

 
 
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é de Bosch dans l’usine de Bangalore, en juillet (Photo : Dibyangshu Sarkar)

[29/08/2008 10:19:54] NEW DELHI (AFP) L’économie de l’Inde est en plein ralentissement avec son plus mauvais taux de croissance depuis trois ans à 7,9% entre avril et juin, ce qui fait dire à des analystes que le “miracle” économique indien touche à sa fin.

La baisse de régime de la troisième économie d’Asie n’a cependant pas entamé l’inébranlable optimisme du ministre des Finances Palaniappan Chidambaram. “Je suis confiant. Cette année aussi, nous serons plus ou moins exacts sur notre estimation d’un taux de croissance proche de 8%”, a-t-il assuré vendredi à des journalistes à Bombay.

Mais après quatre années d’euphorie et d’auto-satisfaction des élites politiques et économiques, qui rêvent de hisser l’Inde au rang de “superpuissance” égale de la Chine, le Conseil économique du Premier ministre Manhoman Singh ne prévoit plus que 7,7% de croissance en 2008-2009 contre 9% en 2007-2008 et 9,6% l’année précédente.

Des maisons de courtage tablent sur à peine 7% cette année.

En Inde, les statistiques sont calculées sur des exercices budgétaires décalés –du 1er avril au 31 mars– et non sur des années calendaires. Le premier trimestre de l’exercice en cours 2008-2009 correspond donc au deuxième trimestre de l’année 2008.

Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre est bien inférieur au 8,8% enregistré au trimestre précédent.

Reste que cette croissance en demi-teinte –pour un pays en développement– n’est pas vraiment une surprise: l’inflation est au plus haut depuis 13 ans à entre 12% et 13%, provoquant des hausses successives des taux d’intérêt par la banque centrale qui ont fini par peser sur la consommation intérieure, principal moteur de la croissance indienne.

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Des Indiens dans les rues de Bombay, en juin (Photo : Pal Pillai)

De plus, le géant asiatique est particulièrement exposé à l’envolée des prix des produits pétroliers, qu’il importe à hauteur de 70% de sa consommation en plein essor due à l’augmentation du parc automobile.

“Un certain nombre de facteurs anti-croissance se sont développés” ces derniers mois, reconnaissent les conseillers économiques du Premier ministre, citant dans leur rapport, outre le pétrole, la crise bancaire partie des Etats-Unis.

Aucun pays ne peut “espérer s’en tirer indemne”, préviennent-ils. L’Inde, forte de son immense marché intérieur potentiel et dont l’économie n’est libéralisée que depuis 1991, s’est longtemps crue immunisée face aux turbulences mondiales.

Même l’indice de la Bourse a chuté de 28% depuis le 1er janvier, soit la plus mauvaise performance parmi les grandes pays émergents. Signe aussi que la “lune de miel” semble terminée entre l’Inde et les investisseurs étrangers: des fonds ont vendu pour 6,52 milliards de dollars d’actions indiennes depuis le 1er janvier. Ils en avaient acheté pour 9,6 milliards au cours de la même période de 2007.

“Les conditions de marché ne sont pas bonnes”, avait admis il y a quelques jours Deepak Lalwani, du courtier londonien Astaire Securities, lorsque Tata Motors avait renoncé à une émission d’actions de 700 millions de dollars pour financer l’achat de Jaguar et Land Rover acquises auprès de Ford.

Au cours de ce premier trimestre, les croissances d’activité des trois secteurs de l’économie indienne –services, industrie et agriculture– ont toutes marqué le pas.

Près des deux tiers des 1,1 milliard d’Indiens vivent en milieu rural et dépendent directement ou indirectement du secteur agricole.

Cette population souffre énormément de la flambée des cours des denrées de base, comme le riz, le blé, l’huile, le gaz ou le thé. D’autant qu’entre 455 millions et 620 millions d’Indiens vivent avec moins de 1,25 dollar ou 1,35 dollar par jour, selon que l’on se réfère aux statistiques de la Banque mondiale ou à celles de la Banque asiatique de développement.

 29/08/2008 10:19:54 – Â© 2008 AFP