La famille fondatrice de Toyota prépare son retour à la tête de l’empire

 
 
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ésident exécutif de Toyota Motors Akio Toyoda, lors d’une conférence de presse, le 4 ocotbre 2007 au Fuji Speedway (Japon) (Photo : Toshifumi Kitamura)

[29/06/2008 11:05:20] TOKYO (AFP) Sept décennies après avoir fondé Toyota, la famille Toyoda se prépare à replacer l’un des siens au sommet de l’empire automobile japonais sur lequel elle exerce toujours une profonde influence.

Toyota, une multinationale de 285.000 employés sur le point de devenir numéro un mondial du secteur, entend ainsi s’unir autour d’un symbole fort pour se prévenir contre toute crise d’identité, interprètent les analystes, qui comparent parfois la famille Toyoda à la famille impériale du Japon.

L’héritier présumé, Akio Toyoda, 52 ans, est le fils du mythique PDG Shoichiro Toyoda qui régna sur l’entreprise de 1982 à 1992 et en est toujours, à 83 ans, le président honoraire.

Il est aussi le petit-fils de Kiichiro Toyoda qui, en 1937, fonda Toyota en transformant la fabrique familiale de métiers à tisser en usine automobile.

Entré chez Toyota en 1984, Akio Toyoda a lentement gravi les échelons jusqu’à devenir en 2005 un des vice-présidents exécutifs.

Il y a quelques jours, il s’est vu confier une vaste palette de nouvelles responsabilités: il supervisera désormais toutes les opérations du groupe à l’étranger, en plus de ses actuelles fonctions de chef des ventes au Japon.

Toyota dément que cette promotion soit spécifiquement destinée à peaufiner sa formation de futur chef suprême. “Nous voulons que tous nos vice-présidents exécutifs soient mieux rodés, qu’ils acquièrent de l’expérience dans de nombreux domaines pour accroître leur contribution envers l’entreprise”, assure un porte-parole du groupe, Paul Nolasco.

L’intéressé lui-même se dérobe systématiquement lorsqu’on lui demande s’il est le futur PDG de Toyota. “Je ne sais rien de tout cela!” s’était-il exclamé avec irritation lors d’une interview avec l’AFP l’hiver dernier.

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Le logo de Toyota, en janvier 2008 (Photo : Stan Honda)

Reste que tous les analystes considèrent Akio Toyoda comme le grand favori pour remplacer l’actuel PDG Katsuaki Watanabe lorsque celui-ci, âgé de 66 ans, prendra sa retraite (les plus hauts dirigeants de Toyota ne sont toutefois astreints à aucune limite d’âge).

“Alors que Toyota devient de plus en plus grand, l’entreprise craint de perdre le contrôle d’elle-même, de devenir inconsistante ou incohérente. Sans une figure centrale pour consolider la société, Toyota risque de se fragmenter. Quelqu’un issu de la famille Toyoda devrait y remédier”, estime Hirofumi Yokoi, analyste chez CSM Worldwide.

La famille Toyoda a donné son nom à Toyota, tout en modifiant la dernière syllabe pour que le mot, écrit en caractères japonais, porte bonheur.

Avec entre 3 et 4% des actions du groupe entre ses mains, “la famille fondatrice n’a aucun pouvoir politique. Mais elle reste un puissant symbole d’unité, exactement comme l’Empereur est important pour le peuple japonais”, explique Tatsuya Mizuno, analyste chez Fitch Ratings.

“Les Japonais ressentent toujours le besoin de converger vers un centre invisible. La présidence d’Akio Toyoda jouera peut-être ce rôle. Elle renforcera la convergence chez Toyota”, pronostique-t-il.

“Mais pour qu’une personne devienne le centre, elle doit avoir un certain charisme. J’ignore si M. Toyoda en est doté ou non”, avertit M. Mizuno, dans une allusion au caractère un peu effacé du possible futur PDG.

Toutefois, tempère l’analyste, “le style de management, chez Toyota, est de type collégial. Il n’y a pas de leader fort comme Carlos Ghosn chez Nissan. Aucun individu ne peut transformer l’entreprise à lui seul”.

 29/06/2008 11:05:20 – Â© 2008 AFP