Société Générale : le PDG accepte de partager le pouvoir pour tourner la page

 
 
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Portraits récents du PDG de la Société Générale Daniel Bouton et de Frédéric Oudéa, jusqu’ici directeur financier du groupe (Photo : Kovarik / Fedouach)

[18/04/2008 13:37:23] PARIS (AFP) Trois mois après l’affaire du trader Jérôme Kerviel qui a ébranlé son entreprise, le PDG de la Société Générale Daniel Bouton en tire partiellement les conséquences en acceptant de partager le pourvoir avec son directeur financier, Frédéric Oudéa.

Tard dans la soirée de jeudi, la banque a annoncé la prochaine “dissociation des fonctions de président du conseil et de directeur général”, sur “proposition de Daniel Bouton”.

Ce dernier restera président du conseil d’administration mais c’est à Frédéric Oudéa que reviendra la direction générale. La passation de pouvoir se fera le 12 mai.

La banque n’a pas donné d’explications à cette réorganisation interne, invoquant seulement une adaptation “de la gouvernance du groupe”.

M. Bouton, 58 ans, avait proposé à deux reprises sa démission au conseil après la révélation fin janvier des pertes de 4,9 milliards d’euros imputées à Jérôme Kerviel, mais le conseil l’avait refusée.

Confronté ensuite à des appels à la démission, y compris du président Nicolas Sarkozy, il avait argué qu’un capitaine ne devait pas abandonner son navire en pleine tempête. Les salariés de la banque lui avaient témoigné leur soutien en manifestant devant le siège.

Un rapport commandé par le gouvernement a mis en cause des contrôles internes insuffisants.

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L’un des bâtiments de la Société Générale, le 31 janvier 2008 à Fontenay-sous-Bois (Photo : Jean Ayissi)

Fragilisée, confrontée au risque grandissant d’un rachat par une concurrente française ou étrangère, la Société Générale avait été remise à flots en mars grâce à une augmentation de capital de 5,5 milliards d’euros.

En modifiant finalement sa gouvernance, la banque se conforme à une “tendance historique”: la distinction entre les fonctions de contrôle, assumées par le président, et les fonctions exécutives, a expliqué Pierre-Yves Gomez, président de l’Institut français de gouvernement des entreprises.

A l’égard de Daniel Bouton, “c’est une manière de sauver la face, de prévoir sa sortie en douceur. Mais il faut savoir que cela marche assez rarement sur le long terme”, poursuit M. Gomez. A ses yeux, cette solution ne peut donc être que “transitoire”.

D’après des sources proches du dossier, la nomination de Frédéric Oudéa a été approuvée à une large majorité jeudi par les membres du conseil d’administration.

Devant eux, le directeur financier a insisté sur la nécessité de préserver l’indépendance de la banque, fait valoir que les résultats financiers n’étaient pas “si mauvais” et que la banque n’avait pas perdu beaucoup de clients, selon une de ces sources.

Il a également indiqué qu’il dévoilerait prochainement un nouvel organigramme ainsi que le nom de son successeur.

Nommé en 2003 directeur financier, Frédéric Oudéa, âgé de 44 ans, avait été promu en mars directeur général délégué. Il est considéré comme le principal artisan du succès de la recapitalisation de la banque, qui avait levé en Bourse 5,5 milliards d’euros pour combler sa perte.

En outre, il apparaît moins lié à l’affaire Kerviel que Jean-Pierre Mustier, le patron de la banque de financement et d’investissement, dont la culture du résultat à tout prix a été rendue responsable de la fraude présumée.

Cette réorganisation a été saluée par les investisseurs: vendredi en milieu de journée, l’action Société Générale prenait 4,42% à 74,13 euros, dans un marché en hausse de 1,28%.

 18/04/2008 13:37:23 – © 2008 AFP