L’Estonie formera les experts de l’Otan à la lutte contre les cyberattaques

 
 
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Conférence “Infocomm security”, le 22 février 2005 à Singapour (Photo : Roslan Rahman)

[02/04/2008 08:32:17] TALLINN (AFP) Près d’un an après avoir subi une série de cyberattaques massives attribuées à des hackers russes, l’Estonie s’apprête à piloter l’effort de l’Otan à prévenir d’éventuels attaques en ligne contre les membres de l’Alliance.

A l’issue du sommet de l’Otan à Bucarest, l’Estonie et sept autres membres de l’Alliance prépareront le lancement en mai de travaux sur la création à Tallinn d’un Centre de formation pour cyberdéfense.

Outre l’Estonie, le projet est supervisé par les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Lettonie, la Lituanie et la Slovaquie.

“Le nombre de crimes commis via l’internet et celui de criminels impliqués dans cette activité augmente très rapidement à l’échelle globale”, a indiqué Hillar Aarelaid, chef d’une unité nationale de lutte contre le piratage informatique.

Le centre estonien doit être officiellement inauguré en 2009 mais les premiers travaux commencent dès maintenant, précise Johannes Kert, l’ancien chef de l’état-major de l’armée estonienne, qui représentera l’Estonie dans la direction du centre.

Le centre oeuvrera à améliorer “l’interopérabilité dans le domaine de la cyberdéfense” au sein de l’Otan, ainsi que la coopération internationale et les méthodes de cyberdéfense. Il travaillera aussi sur l’élaboration d’une doctrine de cyberdéfense de l’Alliance, selon M. Kert.

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Un informaticien dans le Centre en Route de la Navigation Aérienne (CRNA) le 13 août 2002 à Aix-en-Provence (Photo : Boris Horvat)

Le centre organisera des exercices, évaluera des menaces potentielles et conduira des projets de recherche, a-t-il ajouté.

Une équipe de 30 personnes, dont une quinzaine d’experts en technologies informatiques, seront employés par ce centre, soutenues et payés par les pays participant au projet.

La décision de placer ce centre à Tallinn n’est pas fruit d’un hasard. L’Estonie a non seulement déjà fait face à des cyberattaques mais il s’agit aussi d’un pays avec une industrie florissante de hautes technologies, ce qui lui a valu le surnom d’E-stonie.

En avril et mai 2007, des cyberattaques massives ont provoqué la fermeture temporaire du site du gouvernement estonien et perturbé le fonctionnement de nombreuses sociétés dans ce pays où l’utilisation d’internet est parmi les plus avancées au monde.

Les responsables estoniens, à commencer par le Premier ministre Andrus Ansip, avaient alors mis en cause la Russie, après avoir découvert que certaines attaques provenaient de serveurs d’administrations russes et même des bureaux du président Vladimir Poutine.

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Une statue à la grloie de l’armée rouge dans le cimetière militaire de Tallinn, en Estonie, le 9 mai 2007 (Photo : Dimitar Dilkoff)

Ces attaques sont intervenues après le transfert, fin avril 2007, d’un monument à la gloire de l’Armée rouge située dans le centre de la capitale estonienne ce qui a déclenché la colère de l’importante minorité russophone et suscité de vives protestations en Russie, qui a encore du mal à accepter l’indépendance de cette ancienne république de l’URSS.

Symbole sacré de leur millions de morts durant la Seconde guerre mondiale pour les Russes, le monument rappelait trop aux Estoniens une annexion de 50 ans par l’URSS.

L’annonce du déplacement avait provoqué des émeutes qui ont fait un mort. Plus de 1.000 personnes ont été interpellées, dont de nombreux membres de la minorité russe d’Estonie qui représente près de 30% de la population de ce pays balte de 1,34 million d’habitants.

Moscou a rejeté les accusations d’implication dans les cyberattaques mais les procureurs estoniens ont accusé la Russie d’entraver leur enquête.

“Il n’est pas possible de traduire en justice tous les criminels de guerre. Il n’y a pas de doute que les criminels de cyberguerre ne le seront pas non plus”, a reconnu Aarelaid, l’homme qui avait été en première ligne de la bataille virtuelle d’avril et mai 2007.

“Mais nous devons aux hackers une chose de valeur: une leçon que nous avons bien apprise et que nous voulons partager maintenant avec nos alliés”, a-t-il ajouté.

 02/04/2008 08:32:17 – © 2008 AFP