Entreprises : Quelles sont les limites de l’équité ?


Par Maryam OMAR

Est-il équitable de traiter les entreprises à part entière sur le même pied
d’égalité que les ‘’entreprises-garages’’ ? Nous venons ainsi de rendre
visite à l’une des meilleures unités de production de notre pays ; là où
tout est aux plus hauts standards et, inutile de le cacher, nous sommes
admirateurs de tous les chefs d’entreprise qui ont le courage d’investir
dans le secteur industriel car, entre autres, la concurrence internationale
y est de loin la plus exacerbée.

 

Cette entreprise, qui exporte 40% de sa production, nous dit-on, est traitée
pratiquement de la même manière qu’une quelconque ‘’entreprise-garage’’ qui
fabrique les mêmes produits finis alors que la différence est immense entre
les deux. La première fabrique tout sur place et fait travailler avec elle
plus d’une trentaine de sous-traitants dont certains sont même installés
dans des locaux à l’intérieur de l’enceinte de l’usine. La second importe le
tout (carcasse comprise) et ne fait que du montage… en l’appelant industrie
!

 

Pour tout dire, la différence, c’est l’engagement, ce sont les centaines
d’employés, les machines qui coûtent des milliards, l’obligation de tenir
son rang… Mais, soit dit en passant, nous n’avons rien contre les garages.
Microsoft, Hewlett-Packard et bien d’autres sont nées dans des garages !

 

Ce qui nous semble pourtant ‘’injuste’’, c’est que toutes deux sont traitées
en toute équité quand il s’agit d’avantages à l’export. Certes, il existe
plusieurs mécanismes de subvention et l’entreprise dont nous parlons
reconnaît avoir bénéficié de deux programmes dans ce sens. Il y a aussi les
avantages fiscaux sur les matières premières, les intrants et tout ce qui
n’est pas fabriqué en Tunisie… Il faut néanmoins se demander si la
différence des charges et des investissements de toutes sortes (qui créent
un grand différentiel dans la concurrence entre les produits de l’une et de
l’autre) ne devrait pas mener à des aménagements particuliers pour les
entreprises ‘’à part entière’’ pour les préserver et préserver, avec elles,
leurs emplois et leur apport économique à la collectivité.