Quand le corps humain se transforme en vecteur de données

 
 
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Le corps humain servant de vecteur de données (Photo : er)

[25/02/2008 15:33:02] TOKYO (AFP) Un groupe japonais s’apprête à lancer un système qui, en utilisant la conductivité naturelle du corps humain comme mode de transport de données, permettra d’ouvrir des portes ou de franchir des contrôles d’accès sans utiliser de clé ou de carte d’identification.

NTT Microsystem, filiale du géant des télécoms NTT, a conçu des badges d’accès spéciaux qui, glissés dans une poche ou un sac à main, transmettent leur identifiant à des capteurs placés sur les poignées de porte ou sur le sol. Ces derniers sont eux-même reliés à un dispositif de contrôle.

Plus besoin de fouiller partout à la recherche de sa clé ou de sa carte d’accès: un signal d’identification part du badge, transite par le buste, les bras et mains, ou les jambes et pieds de la personne, pour atteindre la poignée de porte ou le plancher. Si l’individu est reconnu, il a la voie libre.

“Dans la vie quotidienne, nous touchons beaucoup de choses. Ne serait-ce qu’en étant debout, puisqu’on est au contact du sol”, explique un chercheur de NTT Microsystem, Mitsuru Shinagawa.

“Cette simple action peut permettre de communiquer”, ajoute-t-il

NTT Electronics, une autre filiale de NTT, prévoit de commercialiser un système de contrôle d’accès pour entreprises exploitant cette technologie, grâce à des capteurs aux sols.

“Il existe un marché important pour la circulation sans entraves des personnes dans les lieux de travail”, raconte un responsable de la firme, Toshiaki Asahi.

“Grâce à ce système, des personnes peuvent franchir les portes en marchant sur des capteurs, les mains chargées d’objets”, cite-t-il en exemple, signalant par ailleurs que dans certaines usines il est dangereux de se balader avec un badge pendu au cou, une pratique pourtant archi-courante.

L’objectif de NTT est d’aller au-delà de la communication d’homme à machine, et d’utiliser cette même technologie pour la relation interpersonnelle.

“Du fait du développement des technologies de télécommunications, les contacts humains se sont appauvris. Nous avons conçu cette technologie avec l’espoir de créer un nouveau mode de communication par le toucher”, affirme M. Shinagawa.

Un médecin pourrait ainsi mesurer la température et le pouls d’un patient simplement en le touchant avec ses mains. Les informations transiteraient par le corps du docteur pour être reçues par des instruments de mesure. Une telle pratique serait, selon le chercheur, moins anxiogène pour les malades.

Une autre filiale de NTT, l’opérateur de télécommunications mobiles NTT DoCoMo, ainsi que son concurrent KDDI, travaillent également depuis des années sur cette technologie qui peut servir à de nombreuses applications.

NTT DoCoMo devrait prochainement proposer un téléphone mobile muni d’un émetteur spécial pour envoyer un signal via le corps humain.

Deux personnes équipées d’un tel appareil pourront échanger leurs coordonnées et d’autres informations contenues dans leurs terminaux simplement en se serrant la main.

“Si nous parvenons à augmenter les débits, il sera aussi possible d’écouter de la musique en ayant un casque sur les oreilles et le téléphone/baladeur dans la poche, sans aucun fil entre les deux, ou bien de regarder des vidéos avec des lunettes/écran, juste en utilisant le corps comme mode de transmission”, assure un chercheur de NTT DoCoMo, Yuji Nakayama.

De même, il suffira de poser sa main sur une caisse enregistreuse dans un commerce pour payer, sans authentification biométrique, simplement en ayant son mobile/carte de crédit sur soi.

Un aveugle pourra être guidé vocalement par son terminal cellulaire recevant des informations depuis le sol, via sa canne et sa main, sans utiliser la localisation par satellite GPS.

De nombreuses autres idées ont déjà germé dans les laboratoires japonais. Certains se penchant aussi sur les éventuels effets de cette technologie sur le corps humain, mais ils n’ont à ce jour pas identifié de risques.

 25/02/2008 15:33:02 – © 2008 AFP