OGM : Des éléments pour développer une expertise en biosécurité

OGM : Des éléments pour développer une expertise en biosécurité


Par Abou SARRA

Le gouvernement tunisien
a engagé, ces jours-ci, un débat sur les Organismes Génétiquement Modifiés
(OGM) dans la perspective de développer une expertise nationale en la
matière.

 

Ce débat, d’une actualité
brûlante, intervient après la polémique internationale concernant les OGM et
la sécurité en matière de biotechnologie.

 

Cette polémique a été,
particulièrement, vive en France sur le mais modifié génétiquement et dont
les études scientifiques ont montré l’impact négatif sur la biodiversité.

 

En Tunisie, la question a
été évoquée pour la première fois au parlement lors d’un débat sur
l’agriculture au mois de janvier 2008.

 

Interpellé par le député
Noureddine Tarhouni, sur la stratégie suivie par le département de
l’agriculture pour protéger les produits agricoles locaux contre
l’introduction d’OGM (Organismes génétiquement modifiés), le ministre de
l’Agriculture et des Ressources hydrauliques a indiqué que son département
vient de se doter de laboratoires et d’autres équipements de pointe pour
identifier les OGM.

 

En amont, le ministère a
pris l’initiative de former, à l’étranger, les compétences requises pour
faire fonctionner ces équipements.
Enfin, au plan réglementaire, le ministère s’emploie à élaborer un texte
spécifique aux OGM. Le texte est en phase finale. Il est, actuellement,
examiné par les services du premier ministère.

 

Le projet de loi porte
sur le contrôle de l’utilisation isolée, la diffusion et l’exportation des
OGM ainsi que leur vente sur le marché local. Il prévoit la création d’un
comité technique de contrôle interdépartemental.

 

L’Institut national
agronomique de Tunisie (INAT) devait organiser ensuite une journée
d’information sur le thème «organismes génétiquement modifiés, agriculture
et bio sécurité» (Tunis, 12 février 2008).

 

Les experts, qui ont pris
part à cette journée, ont fait des communications sur les techniques à
utiliser pour détecter les OGM et échanger les informations, connaissances
et expertises acquises par les autres pays afin d’en tirer profit pour
l’intérêt de l’agriculture tunisienne.

 

L’objectif recherché est
également de créer une synergie entre les départements de la recherche et
développement et les responsables des secteurs, public et privé. Ultime
objectif : constituer une instance consultative commune habilitée à
vulgariser et à mettre les résultats de la recherche scientifique au profit
du développement du secteur agricole.

 

M. Abderrazak Dâaloul,
secrétaire d’Etat chargé de la pêche, qui a ouvert le séminaire, a balisé
les grandes lignes de la stratégie à suivre pour maîtriser la problématique
des OGM en Tunisie. Il s’agit pour lui d’évaluer le risque, de renforcer la
recherche, d’instituer des gardes fous à l’import de semences, de plants et
de denrées alimentaires et de mettre en place un système de veille
scientifique de détection des OGM pour mieux expliquer les risques et
conseiller commerçants et consommateurs.

 

Pour sa part, M. Nadhir
Hamada, ministre de l’Environnement et du Développement durable a annoncé, à
la clôture de ce séminaire, que son département a élaboré une étude sur les
OGM, dans le but d’instaurer un cadre national de biosécurité visant à
lutter contre la pollution génétique et à mettre en place une stratégie
cohérente pour le suivi des impacts de la biotechnologie et le contrôle de
son utilisation.

 

En attendant la mise au
point d’une stratégie nationale sur la biosécurité, la Tunisie est forte
déjà de deux atouts majeurs. Le premier consiste en la ratification, un
certain 25 juin 2002, du protocole de Carthagène relatif à la biosécurité
qui a pour objectif de garantir la sécurité dans les domaines du transport,
de la sous-traitance et de l’utilisation permanente des OGM.

 

Le second a trait à la
création de la banque nationale des gènes en tant que structure publique
chargée de coordonner et prendre toutes les dispositions à même de préserver
les ressources génétiques en voie de disparition.

 

Quant à la délicate
question de financement, le projet de consolidation des capacités nationales
de biosécurité, est cofinancé par un don du fonds de l’environnement
mondial. Le coût global du projet est estimé à 1,3 million de dinars.

 

Par delà ces différentes
donnes, rappelons que la communauté internationale n’est pas encore unanime
sur les bienfaits des OGM. Car, si certains OGM créés peuvent présenter des
risques, principalement sanitaires ou environnementaux (dissémination non
désirée de gènes), plusieurs organisations scientifiques internationales
consultées sur le sujet, et notamment le Conseil international pour la
science, s’accordent sur le fait que les OGM commercialisés ne sont pas
dangereux pour la santé humaine, et que les risques de dissémination sont
correctement contrôlés. Cependant, les partisans de la lutte anti-OGM
estiment que les précautions ne sont pas suffisantes.

 

Inexistante en 1993, la
production mondiale d’OGM végétaux (soja, maïs, coton…) est en forte
expansion et dépasse en 2006 les 100 millions d’hectares, soit 7 % du
milliard et demi d’hectares de terres cultivées.