Forum de Davos : la crise financière a poussé les participants à la prudence

 
 
[27/01/2008 11:01:34] DAVOS (AFP)

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Réunion de ministres du Commerce le 26 janvier 2008 au Forum de Davos (Photo : Fabrice Coffrini)

La crise financière et la perspective d’une récession aux Etats-Unis ont obligé l’élite mondiale des affaires et de la politique réunie jusqu’à dimanche au Forum de Davos à remiser l’optimisme des années précédentes et à afficher la plus grande prudence pour 2008.

En pleine tempête boursière, grands patrons et gouvernants du monde entier se sont retrouvés dans les montagnes suisses, comme chaque mois de janvier, pour constater que le formidable cycle d’expansion des dernières années arrivait à sa fin.

La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, venue mercredi ouvrir la réunion a assuré sans convaincre que l’économie américaine allait “rester un moteur important de la croissance mondiale”.

Le Premier ministre français François Fillon s’est livré au même exercice: “les fondamentaux de l’économie européenne sont globalement sains et cela vaut particulièrement pour la France”, a-t-il dit.

Dans les débats la tonalité a été franchement plus sombre.

“Il va y avoir une grave récession aux Etats-Unis, un ralentissement dans les pays émergents et un fort ralentissement en Europe”, a déclaré l’économiste Nouriel Roubini, rejoint par beaucoup d’autres.

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Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, le 26 janvier 2007 à Davos (Photo : Joël Saget)

La Chine, l’Inde et le reste des économies émergentes affichent encore de belles perspectives de croissance mais les avis ont divergé sur leur capacité à sauver la planète d’un brutal coup de frein économique.

Le patron du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a souhaité une réponse “sérieuse” et “mondiale”. Il a lancé un appel aux gouvernements qui en ont les moyens de mettre leur politique budgétaire au service de la croissance et de ne pas s’en remettre uniquement aux instruments monétaires.

Les banques centrales ont d’ailleurs été sévèrement critiquées, accusées de ne pas avoir contrôlé d’assez près le développement de techniques financières de plus en plus complexes et opaques tout en volant au secours des marchés au plus fort de la crise.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a affiché à Davos un certain fatalisme en affirmant que la “correction” des marchés était attendue et nécessaire.

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Le Premier ministre François Fillon, le 24 janvier 2008 à Davos (Photo : Pierre Verdy)

Il s’est de nouveau montré inflexible face aux appels pour baisser fortement les taux à l’image de la Réserve fédérale. Seule la lutte contre l’inflation doit guider l’action de la BCE, a-t-il martelé.

La ministre française de l’Economie et des Finances Christine Lagarde n’en pas moins réitéré le point de vue de Paris: “Il faut envisager la politique monétaire en regardant la croissance et pas seulement la stabilité des prix”, a-t-elle dit.

La nouvelle de la gigantesque fraude découverte à la Société générale, tombée au plus fort du Forum, a semé la stupeur et l’incrédulité, comme un rappel que la crise n’en était peut-être qu’à son début. Les mots “hallucinant”, “incroyable”, “incompréhensible” revenaient dans les conversations.

En matière de commerce international, l’un des traditionnels sujets de prédilection du forum, une note particulièrement pessimiste a été donnée samedi par le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, qui a évoqué un “enterrement correct” du cycle de négociations de Doha au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La contestation du “sommet des riches” a été plus discrète que certaines années. Une centaine de manifestants ont été signalés samedi à Davos et quelque 300 à Berne, la capitale suisse.

 27/01/2008 11:01:34 – © 2008 AFP