Le Niger et Areva enterrent la hache de guerre en renouvelant leur partenariat

 
 
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Mine d’uranium à Arlit, au Niger, exploitée par Areva (Photo : Pierre Verdy)

[14/01/2008 16:37:56] NIAMEY (AFP) Le Niger et le groupe français Areva ont scellé dimanche à Niamey un partenariat sur l’exploitation et l’achat de l’uranium, mettant un terme à près de huit mois de crise engendrée par un présumé soutien du numéro un mondial du nucléaire civil à une rébellion touareg.

L’accord qualifié d'”historique” a été signé par le président Mamadou Tandja et Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva, qui reste ainsi l’opérateur de référence au Niger, malgré une concurrence, chinoise et canadienne notamment, de plus en plus active.

Le ministre des Mines, Mohamed Abdoulayi, a salué l’accord qui concrètement prévoit une hausse des prix d’achat de l’uranium de 50% pour 2008 et 2009 et “l’agrément” pour Areva de lancer le projet d’exploitation du méga gisement d’Imouraren, dans lequel il va investir plus d’un milliard d’euros.

Selon Areva, Imouraren constitue le “plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger le plaçant au deuxième rang mondial avec une production de près de 5.000 tonnes” d’uranium par an, avec “1.400 emplois permanents et de très nombreux emplois induits” à la clé.

L’accord prévoit également un certain tonnage d’uranium concédé au Niger qui le commercialisera pour son propre compte. Ces quantités étaient de 300 tonnes en 2007, mais pour l’heure Areva n’a pas souhaité divulguer le tonnage accordé pour 2008 et 2009.

Le “paquet global” comprend également un prêt de 15 milliards de FCFA (22,858 millions d’euros) au Niger.

“Je considère que la page est tournée, l’entretien que j’ai eu avec le président Tandja était empreint d’une très grande cordialité”, s’est réjouie Anne Lauvergeon.

“Cet accord permet de voir l’avenir avec optimisme pour les 40 prochaines années”, déclarait lundi à l’AFP un dirigeant d’Areva sous couvert d’anonymat.

Les relations entre le Niger et Areva s’étaient dégradées à l’été 2007 avec l’expulsion de Dominique Pin, le patron local d’Areva, accusé de financer les rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), actifs dans le nord où se trouvent précisément les gisements d’uranium.

Sous la pression, Areva avait déjà concédé une hausse du prix d’achat et accepté de céder 300 tonnes au gouvernement nigérien.

“Nous avons connu des moments difficiles, et si cet accord n’avait pas été obtenu, la relance des activités d’Imouraren allait être retardée”, a brièvement commenté M. Abdoulayi sur la radio publique.

Numéro un mondial du nucléaire civil et premier employeur privé du Niger, Areva exploite depuis 40 ans deux gisements, l’un à ciel ouvert à Arlit (nord) et l’autre souterrain à Akokan, près d’Arlit, qui ont produit en 2006 près de 2.260 tonnes d’uranium.

Au plus fort des tensions, le président Tandja avait estimé que le soutien à la rébellion (ce qu’Areva a toujours démenti) visait à empêcher des concurrents étrangers de prendre pied au Niger.

Dans la foulée, Niamey avait mis fin au “monopole” de fait d’Areva, en délivrant 29 permis de recherches et d’exploitation à des compagnies chinoises, anglo-sud-africaine, anglo-américaine, australo-maltaise, canadienne et russe.

“Il y a eu beaucoup d’accusations tout à fait infondées”, a estimé dimanche Anne Lauvergeon, qui place désormais la coopération avec le Niger “sous le signe “de la fidélité, du renouveau et d’un partenariat gagnant-gagnant”.

“Cet accord va à coup sûr apaiser la colère des autorités (nigériennes) et freiner le zèle de certains va-t-en guerre”, a estimé un officiel nigérien, sous couvert d’anonymat.

Nouhou Arzika, un des chefs de file des “anti-Areva”, veut aussi croire à la fin des hostilités en souhaitant qu'”Areva et la France soutiennent” le Niger pour mater la rébellion touareg.

 14/01/2008 16:37:56 – © 2008 AFP