Quotas textile chinois en Europe : Quel sera le comportement des textiliens du Maghreb ?

Par : Tallel

Par Tallel BAHOURY

Les quotas d’importation sur le
textile chinois seront définitivement levés mardi 1er janvier 2008, et du
coup, le spectre du raz-de-marée de produits chinois comparable à celui de
2005 est dans tous les esprits des industriels européens, mais plus redouté
de ce côté-ci de la Méditerranée.

 

Rappelons tout d’abord qu’il y a deux ans, la fin des quotas, décidée en
1995, avait provoqué une sorte de “tsunami“ d’exportations de textile
chinois sur les marchés européens, ce qui avait poussé l’’Union européenne
alors à négocier avec les autorités chinoises de nouveaux contingentements
temporaires jusqu’à la fin 2007.

 

Contacté par nos soins, un responsable de la FENATEX (Fédération nationale
du textile) nous semble pourtant confiant. Est-ce que votre sérénité fait
suite à une étude quelconque faite sur le secteur…, nous avons demandé.
‘’Non, mais les tendances de l’année 2007 nous rassurent quelque peu…’’.

 

Peu importe, en tout cas du côté de l’Europe, on estime que le Maghreb est
mieux armé aujourd’hui qu’il y a une dizaine d’années, et ce grâce au ‘’fast
fashion’’, qui se trouve à stade très avancé notamment en Tunisie et au
Maroc. Autrement dit, pas trop d’inquiétude pour les textiliens tunisiens.
Mais, il ne faudrait pas pour autant dormir sur ses lauriers, puisque les
Chinois grignotent, jour après jour, des niches dans tous les secteurs.

 

Car, la Chine réorganise justement le secteur textile habillement.
Cependant, si elle Chine continue d’être prisée des distributeurs et
grossistes pour les grandes séries de vêtements, certains pays du Maghreb
-mais également la Turquie- ont opté pour le créneau de la “fast fashion“,
cette mode réactualisée en permanence en fonction des dernières tendances et
capable d’être livrée en 8 à 10 jours en magasins (contre plusieurs semaines
pour l’Asie). Sans oublier que les conditions économiques de la Chine ne
sont pas identiques à celles de 2005 (on note notamment un relèvement des
salaires).

 

Pour les profanes le “fast fashion’’ est, grosso modo, cette nouvelle
stratégie industrielle et marketing consistant à dépasser la logique des
saisons, pour lancer en flux quasi-continu de nouveaux articles, dans un
large circuit de distribution et à des prix accessibles.

 

Les spécialistes considèrent que, ayant fortement boosté la consommation
mondiale et fait émerger de grandes signatures, le concept représente une
grande opportunité pour les textiliens de la Méditerranée du sud, avec un
avantage considérable : la réactivité/flexibilité et la proximité avec le
marché européen, en termes de distribution et de consommation.

 

Est-ce l’alternative serait le ‘’made in Tunisia’’ ?

 

Il faudrait tout d’abord noter qu’il devient de plus en plus urgent, pour
les capitaines d’industrie tunisiens, de produire en masse et en un temps
record, être capables de s’adapter à des changements de rayons rapides et
avoir les moyens de traiter les aspects liés aux matières premières et
l’approvisionnement. Voilà ce qui devra être les nouveaux mots d’ordre en
vigueur des industriels tunisiens du textile, un secteur on ne peu plus
important pour l’économie tunisienne.

 

Ceci dit, nos entreprises se doivent de développer une nouvelle expertise,
en l’occurrence la co-traitance vs sous-traitance. Tous les professionnels
du secteur semblent conscients du fait que la co-traitance est devenu un
passage obligé vers une industrie textile tunisienne qui, un jour peut-être,
serait capable de passer à la phase de création.

 

Pour l’heure on n’en est pas là, l’essentiel aujourd’hui est de sauver ou
plutôt de faire en sorte que les unités –certaines d’entre elles- ne
disparaissent pas, et avec elles plusieurs centaines d’emplois ; tout en
évitant bien entendu d’appliquer des prix à la ‘’chinoise’’, ce qui serait
dramatique compte tenu du niveau de vie du Tunisien.

 

Pour certains, la solution se trouverait dans l’augmentation de la
productivité et l’optimisation des coûts, même si l’on conscients, là aussi,
de la taille réduite du plus grand nombre des unités de production textile.
Mais il va bien falloir commencer quelque part. C’est pour cette raison que,
à l’instar d’autres pays, les pouvoirs publics ont, depuis quelques années
maintenant, prôné la logique de la diversification, aussi bien en termes de
produits que de marchés.

 

Parce que, avec les ‘’différents’’ FAMEX, mais pas seulement, les
exportateurs peuvent accéder à plusieurs autres marchés que celui de l’Union
européenne, notamment ceux de l’Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada et
Mexique) –même si là ce ne sera pas une partie de plaisir-, mais certains
analystes considèrent le marché nord-américain comme le futur eldorado du
textile maghrébin. Rappelons que le Maroc a déjà conclu un accord de
libre-échange avec les USA, la Tunisie pourrait le faire incessamment.

 

Mais alors, en attendant tout cela, pourquoi le secteur textile tunisien ne
regarderait pas de plus près du côté du marché local ? La Tunisie est l’un
des rares pays à avoir une classe moyenne de plus de 80% de sa population ;
ce n’est pas rien tout ça, économiquement parlant. Cela signifie que nos
industriels, plus ils améliorent la qualité de leurs produits, plus ils la
chance de vendre sur le marché local. Mais la condition sine qua non est et
sera davantage la qualité. Le Tunisien a de plus en plus les yeux et le
choix… A bon entendeur, salut !