Le journaliste-blogueur attaqué par la mairie de Puteaux plaide la bonne foi

 
 
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Le journaliste-blogueur Christophe Grébert, le 3 février 2006 au Palais de justice de Paris (Photo : Bertrand Guay)

[25/04/2007 19:34:06] PARIS (AFP) Christophe Grébert, le journaliste-blogueur poursuivi en diffamation pour avoir mis en cause sur son site personnel en 2004 la mauvaise gestion de la municipalité UMP de Puteaux (Hauts-de-Seine), a plaidé la bonne foi mercredi devant la cour d’appel de Paris.

M. Grébert avait été relaxé en première instance en mars 2006, un jugement que son avocat Me Jean-Marcel Nataf a demandé à la cour d’appel de confirmer. Celle-ci a mis son arrêt en délibéré au 30 mai.

Mercredi, le prévenu s’est dit “harcelé” par la municipalité dirigée par la famille Ceccaldi-Raynaud (aujourd’hui la fille Joëlle, à l’époque le père Charles), qui avait fait appel de la relaxe.

Il a cité devant la cour un récent rapport de la chambre régionale des comptes affirmant que la ville était réputée pour ses “dépenses élevées”, comme celle qu’il avait lui-même dénoncée sur son blog en 2004, à partir d’extraits d’un article du quotidien Le Parisien.

Cet article du 26 avril 2004, qui vaut au journal d’être également poursuivi après une relaxe en première instance, relatait le licenciement d’une employée de la mairie après qu’elle eut alerté ses supérieurs sur des soupçons d’irrégularités dans l’attribution d’un marché pour la réalisation d’une piste de ski artificielle dans la commune.

Grébert, journaliste radio à RFM et par ailleurs militant PS, avait relayé ces soupçons en ajoutant un commentaire personnel. “Ce témoignage est à prendre avec sérieux” écrivait-il sur son blog “monputeaux.com”, créé en 2002 après l’échec de Lionel Jospin à la présidentielle.

Sur ce blog, le journaliste domicilié à Puteaux entend informer les autres administrés sur ce qu’il observe en ville. “Je diffuse de l’information locale sur la base des délibérations du conseil municipal, de ce que je constate moi-même en me promenant, et tiens aussi une revue de presse”, explique-t-il à la barre.

Il évoque “un engagement citoyen et militant suite au choc du 21 avril 2002”. “C’est très douloureux” de se retrouver poursuivi pour ce travail, ajoute-t-il, affirmant que depuis cinq ans la mairie a engagé “70.000 euros de dépenses pour attaquer (son) site”.

Mais pour Me Jean-Marc Fedida, qui défend la municipalité, il y a bien eu diffamation. L’avocat conteste les conclusions du jugement de 2006 en estimant qu'”un blog internet n’est pas aussi fugitif qu’on veut bien le prétendre” et que les écrits se retrouvent “fixés sur un support” comme dans un journal papier.

“Il n’y a pas de raison que la loi du 29 juillet 1881 (sur le droit de la presse) ne s’applique pas à ce nouveau médium qu’est internet”, poursuit Me Fedida.

M. Grébert risque une amende de 45.000 euros s’il est reconnu coupable de diffamation.

De son côté, l’avocat général a estimé que les poursuites étaient irrecevables. Il a cité un arrêt du Conseil d’Etat dit “commune de Givors” stipulant qu’une municipalité ne peut sur le plan juridique engager elle-même des poursuites.

 25/04/2007 19:34:06 – © 2007 AFP