Le “parachute doré” de Forgeard continue de faire polémique

 
 
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Le coprésident d’EADS Noël Forgeard, le 28 juin 2006 à Paris (Photo : François Guillot)

[12/04/2007 17:12:03] PARIS (AFP) Le “parachute doré” de Noël Forgeard continuait à alimenter la polémique jeudi, la plupart des candidats à la présidentielle, notamment Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, estimant que l’ex-dirigeant d’EADS devrait rendre les millions qu’il a touchés à son départ du groupe.

M. Sarkozy a souligné qu’il lui “semblerait normal” que Noël Forgeard, ex-PDG d’Airbus et ancien coprésident exécutif d’EADS, rende les indemnités reçues à son départ d’EADS, qui se sont élevées au total à 8,4 millions d’euros.

Le candidat UMP a souligné qu’il rendrait illégaux les parachutes dorés pour les chefs d’entreprise, “n’acceptant pas qu’on ait à la fois la grosse rémunération et le gros parachute”.

Sa rivale socialiste a elle aussi demandé que “les indemnités de départ exorbitantes perçues par l’ancien PDG” soient rendues à l’entreprise, et a réitéré son engagement à “encadrer par la loi le montant et les conditions de versement des rémunérations des dirigeants”.

Elle est allée plus loin en souhaitant également “que les plus-values réalisées par l’ancien PDG d’Airbus et l’actionnaire Lagardère à l’occasion des cessions de parts intervenues avant l’annonce des difficultés d’Airbus” soient reversées à l’entreprise.

La candidate PCF Marie-George Buffet a aussi estimé que M. Forgeard “devrait rendre (ses indemnités). On dit qu’il y a besoin d’argent à EADS et pour cela on prévoit un plan de milliers de suppressions d’emplois, et pendant ce temps-là non seulement les actionnaires comme le groupe Lagardère ou le groupe Daimler continuent à percevoir tranquillement leurs dividendes, mais M. Forgeard part avec le pactole, mais où est l’intérêt de l’entreprise?”

“Que quelqu’un qui a conduit l’entreprise à un échec, qui s’en va avec le paquet, cela me paraît être du gangstérisme mondain”, a estimé de son côté le candidat FN Jean-Marie Le Pen. Mais il a écarté le recours à la loi, estimant qu’il revient aux entreprises “de se protéger contre ce genre de prédateurs et aux actionnaires d’agir pour défendre leurs intérêts”.

Le premier secrétaire du PS, François Hollande, a porté le fer sur le terrain politique, estimant que le ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, devait s’expliquer.

Pour autant, “ce n’est pas Forgeard qu’il faut mettre en cause, il n’est pas parti avec la caisse: les responsables ce sont les actionnaires, c’est-à-dire l’Etat qui doit prendre toutes les responsabilités”, a relevé le numéro 1 socialiste.

Le chef de file des députés communistes, Alain Bocquet, a demandé la “convocation en urgence” de l’Assemblée afin de “prendre des mesures concrètes”. Il a estimé qu’une “loi peut et doit être examinée et adoptée pour dépasser l’indignation vertueuse, quelque fois de façade, (…) particulièrement de la part de ceux dont les décisions ont depuis 5 ans encouragé et soutenu ces dérives”.

Le président du groupe PS à l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault, s’en est de son côté pris à François Bayrou, qui avait promis mercredi une loi de “moralisation de la vie économique” s’il était élu à l’Elysée, se disant “étonné” que le candidat centriste “découvre le problème”.

Il a rappelé que les députés PS avaient tenté en vain de faire adopter en 2004 une proposition de loi destinée à reconnaître la responsabilité individuelle des dirigeants d’entreprises et à les poursuivre en cas de “faute”. L’UMP avait voté contre, l’UDF s’abstenant, PS et PCF votant pour.

 12/04/2007 17:12:03 – © 2007 AFP