Cuba cherche son salut énergétique dans les profondeurs du Golfe du Mexique

 
 
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Une pompe à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[21/03/2007 13:04:38] LA HAVANE (AFP) Le Golfe du Mexique regorge d’or noir et La Havane veut sa part du gâteau: le processus de prospection en eaux profondes s’est accéléré dans la Zone économique exclusive cubaine, dans le but de rééquilibrer la balance énergétique de l’île communiste.

“La production est émergente, elle se renforce de jour en jour et il y a de bonnes perspectives”, mais “une augmentation substantielle (de la production) ne sera possible que dans le secteur cubain du Golfe du Mexique, ce qui requiert de gros investissements et de la persévérance”, prévient l’expert cubain Manuel Marrero, rattaché au ministère de l’Industrie.

Selon la firme publique cubaine CUPET (Cuba Petroleos), cinq compagnies (la canadienne Sherrit, l’espagnole Repsol et la brésilienne Petrobras, l’indienne ONGC Videsh, et la malaisienne Petronas, ont signé des accords pour l’exploration de 16 blocs (sur 59) dans le Golfe du Mexique.

Des discussions sont également en cours avec la vénézuélienne PSVSA et une compagnie asiatique.

Au total, les compagnies étrangères ont investi 1,5 milliard de dollars dans l’exploration pétrolière à Cuba.

Le potentiel du principal gisement du pays, celui de Varadero (terrestre), est estimé à 3,5 milliards de barils et un autre forage, au nord de La Havane, s’annonce prometteur. Le doute subsiste et Manuel Marrero ne veut pas générer de fausses attentes.

Le représentant de la compagnie pétrolière espagnole Repsol, José Conesa, ne veut pas non plus s’emballer. “Aujourd’hui, on ne sait pas encore ce que nous allons trouver”, insiste-t-il.

Actuellement, Cuba produit 65.000 barils par jour en 2006 et Caracas comble le déficit production/consommation, soit près de 100.000 b/j, en échange de l’envoi de médecins cubains au Venezuela, de programmes médicaux et divers services de conseil.

L’objectif officiel est de parvenir à une production quotidienne de plus de 80.000 barils en 2010, a précisé l’expert du gouvernement cubain.

La ministre cubaine de l’Industrie de base, Yadira Garcia, a souligné mardi que Cuba allait intensifier ses recherches de gisements terrestres et off-shore. “Nous sommes sûrs, convaincus”, dit-elle, qu’il y a du pétrole.

Les autorités cubaines proposent aux sociétés étrangères de constituer des entreprises mixtes, détenues à part égale avec la compagnie nationale cubaine CUPET.

Les eaux du Golfe du Mexique ont été divisées à la fin des années 1970 entre les Etats-Unis, le Mexique et Cuba.

Alors que les élus d’origine cubaine de Floride (sud-est des Etats-Unis) dénoncent au éventuel risque écologique pour le littoral, les compagnies pétrolières américaines regrettent d’être tenues à l’écart de la prospection dans les eaux cubaines par l’embargo économique des Etats-Unis contre Cuba.

Les représentants des compagnies “viennent, nous discutons (…), mais ce n’est pas nous qui posons des limites, c’est le gouvernement des Etats-Unis qui limite par le biais de tous les mécanismes du blocus”, souligne la ministre de l’Industrie de base.

Le premier forage de Repsol, en 2005, n’avait pas été concluant. L’entreprise espagnole avait jugé à l’époque que le brut, très visqueux et chargé en souffre, n’était pas commercialisable.

La ministre cubaine envisage de passer en 2008 à une nouvelle phase de forages.

L’exploitation des gisements en eaux profondes étant extrêmement coûteuse, le cours du baril sera déterminant pour déterminer la viabilité des projets.

Du temps de l’Union soviétique, Cuba bénéficiait de livraisons de pétrole dans le cadre d’un programme de pétrole contre sucre conclu entre La Havane et Moscou. Aujourd’hui, c’est la générosité du puissant allié politique vénézuélien Hugo Chavez qui permet à Cuba de faire des économies sur la facture pétrolière.

 21/03/2007 13:04:38 – © 2007 AFP