Politique monétaire : l’OCDE absout la BCE, sauf sur sa communication

 
 
SGE.FGH41.040107154730.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort en 2005 (Photo : John MacDougall)

[04/01/2007 15:47:47] BRUXELLES (AFP) L’OCDE absout la Banque centrale européenne des péchés contre la croissance et l’emploi dont la chargent certains milieux politiques, en France notamment, tout en lui recommandant d’améliorer sa communication, dans l’étude économique sur la zone euro publiée jeudi.

Selon l’organisation, le manque de “résilience” de l’économie européenne et son insuffisante croissance potentielle ne sont pas dues à une politique monétaire qui “conserve une orientation expansionniste”, même après cinq hausses successives en un an des taux directeurs de la BCE.

“Les problèmes économiques sont principalement structurels; les solutions sont donc en grande partie entre les mains de chaque Etat membre”, écrivent les économistes de l’OCDE, club des trente pays les plus développés.

En France, les deux principaux candidats à l’élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ont critiqué la politique monétaire conduite à Francfort et suggéré une réforme des statuts et des objectifs de la BCE.

Pour l’OCDE, qui confirme sa prévision de novembre d’une croissance supérieure à 2% jusqu’en 2008, les priorités sont ailleurs pour les autorités nationales et européennes: “réduire les rigidités du marché du travail”, notamment en accroissant “la flexibilité des salaires” et en favorisant la mobilité des travailleurs, “stimuler la concurrence, en particulier dans le secteur protégé des services”, et “poursuivre l’intégration des marchés financiers”.

SGE.FGH41.040107154730.photo01.quicklook.default-245x299.jpg
Les pays de la zone euro

“La viscosité des salaires et l’inertie de l’inflation rendent plus difficile la conduite de la politique monétaire. Des marchés du travail plus flexibles ainsi que des marchés de produits et de capitaux plus concurrentiels contribueraient à accélérer la transmission de la politique monétaire ainsi qu’à réduire les divergences conjoncturelles au sein de la zone euro”, explique l’OCDE.

Ces divergences –de croissance et d’inflation notamment– alimentent régulièrement les doutes sur la conduite durable d’une politique monétaire commune dans un ensemble économique hétérogène.

Mais l’OCDE observe que ces rigidités structurelles, en dépit des réformes entreprises, affectent particulièrement les trois principales économies de la zone (Allemagne, France et Italie) et expliquent largement ce manque de “résilience”, c’est-à-dire la capacité à rebondir après les chocs externes enregistrés depuis 2000.

Toutefois, si la BCE est absoute sur le fond, l’OCDE reprend à son compte les critiques sur sa communication.

“Si la banque centrale s’inquiète d’une envolée irrationnelle des prix des logements, cela pourrait aider si elle expliquait clairement et directement au public qu’elle relève ses taux d’intérêts pour ce motif, plutôt que d’évoquer seulement la croissance excessive de la monnaie”, affirme l’étude.

Tout en admettant qu’il “n’y a pas de méthode parfaite”, l’OCDE encourage la BCE à poursuivre “sa stratégie d’amélioration de sa communication, afin d’être plus explicite sur l’analyse qui sous-tend l’évaluation de ses actions à chaque instant donné”.

Mais l’organisation va plus loin en s’interrogeant publiquement sur les conditions dans lesquelles “la politique monétaire devrait être disposée à accompagner partiellement les vastes réformes structurelles” dans les pays de la zone euro.

Elle en relève quatre, “un environnement propice à une inflation faible et stable”, un “engagement crédible de mettre en oeuvre toute une série de réformes”, “une estimation prudente” de leur incidence sur la production potentielle de la zone euro et des “signes évidents” que l’inflation reculera si la demande ne s’accroît pas “automatiquement” avec l’augmentation de la production potentielle”, preuve que l’économie serait devenue plus flexible.

Aux responsables politiques, l’OCDE rappelle en outre que “les programmes d’action sont plus efficaces que les mesures adoptées au coup par coup”.

 04/01/2007 15:47:47 – © 2007 AFP