Scepticisme à Francfort après le départ du patron de Volkswagen

 
 
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Le patron de Volkswagen Bernd Pischetsrieder (d) et le président du conseil de surveillance du groupe Ferdinand Piëch, le 6 novembre 2006 à l’usine de Wolfsburg (Photo : Jochen Luebke)

[08/11/2006 14:14:08] FRANCFORT (AFP) Les marchés financiers ne cachaient pas leur scepticisme mercredi au lendemain de l’annonce du départ du patron de Volkswagen, sur fond d’inquiétudes croissantes sur les luttes de pouvoir et la stratégie future du premier constructeur automobile européen.

Après avoir ouvert en forte baisse, le titre cédait 1,58% à 79,97 euros vers 11h30 GMT sur un indice des valeurs vedettes Dax en recul de 0,60%.

Dans un communiqué lapidaire, le groupe allemand a annoncé mardi soir le départ au 31 décembre de son patron, Bernd Pischetsrieder, une démission totalement inattendue puisque son contrat avait été prolongé au printemps dernier jusqu’en 2012.

M. Pischetsrieder laisse un groupe en pleine restructuration. Volkswagen est en passe de supprimer 20.000 emplois en Allemagne et pourrait lancer un nouveau plan social en Belgique, au Portugal et en Espagne dans les prochaines semaines.

La presse allemande et les analystes étaient unanimes mercredi pour voir dans ce départ surprise la main du président du conseil de surveillance de Volkswagen.

Considéré comme le véritable homme fort du constructeur, Ferdinand Piëch ne cachait plus depuis de longs mois son impatience devant la lenteur du redressement du groupe. Il a placé pour remplacer M. Pischetsrieder un de ses hommes, le patron de la filiale Audi, Martin Winterkorn.

“Les investisseurs craignent que +le croquemitaine+ Piëch reprenne effectivement les commandes”, note John Lawson, analyste chez Citigroup, qui a abaissé sa recommandation sur le titre d'”acheter” à “garder”.

Une déstabilisation de la direction n’est pas à exclure avec dans le pire des cas un départ de Wolfgang Bernhard, le patron de la marque Volkswagen, s’inquiète-t-il. Le “tueur de coûts” avait été embauché il y a deux ans pour restructurer la marque allemande, contre la promesse de succéder un jour à M. Pischetsrieder.

Même si M. Bernhard devait partir, le redressement de Volkswagen se poursuivra, tempèrent en majorité les analystes. A la tête d’Audi, M. Winterkorn a déjà montré sa détermination à tailler dans la masse salariale, souligne entre autres Stefan Burghalter de Goldman Sachs.

Au-delà du retour au premier plan de M. Piëch, les analystes voient dans le départ de M. Pischetsrieder le signe d’une prise de pouvoir de Porsche chez Volkswagen. Petit-fils de Ferdinand Porsche, Ferdinand Piëch a été la cheville ouvrière de l’entrée du fabricant de voitures de sport au capital de Volkswagen l’an dernier.

Porsche contrôle actuellement 21,2% des droits de vote de Volkswagen. Et il a fait savoir lundi qu’il pourrait monter rapidement à 29,9%, tout juste à la limite des 30%, au-delà de laquelle la loi allemande oblige à lancer une offre sur l’ensemble du capital.

“L’influence de Porsche va de toute façon augmenter”, note Frank Schwoppe, de la NordLB, qui n’exclut pas une prise de contrôle.

“Nous estimons que Porsche pourrait théoriquement lancer une offre entre 89 et 123 euros par action ordinaire VW”, vue sa trésorie, renchérit M. Burghalter.

Autre motif d’inquiétude pour les analystes, la future stratégie du groupe dans les poids lourds. Le conglomérat allemand MAN, dont Volkswagen est le premier actionnaire avec 20% du capital, a lancé le mois dernier une offre non sollicitée sur le fabricant de poids lourds suédois Scania, dont VW détient également une part significative (34% des droits de vote).

Selon la presse allemande, M. Piëch serait favorable à une participation majoritaire de Volkswagen dans une alliance à trois dans les camions avec MAN et Scania, mais cela coûterait plusieurs milliards d’euros, perspective inquiétante alors que la firme doit déjà faire face à des coûts de restructuration très lourds, estime M. Schwoppe.

 08/11/2006 14:14:08 – © 2006 AFP