C’est à feu Ali Zouaoui que Mohamed El Haj Fehri Mehrez doit de s’être lancé dans les affaires. Explications de l’ancien patron de «Judy». Il suffit parfois de peu pour déterminer la destinée d’un homme. Pour Mohamed El Haj Fehri Mehrez, ce fut une rencontre avec un homme, l’un des bâtisseurs de la Tunisie indépendante, qui n’aurait pas eu lieu sans un café renversé. C’était en 1969.

Mohamed El Haj Fehri Mehrez, plus tard fondateur et patron de «Judy», était alors fonctionnaire aux impôts et avait été envoyé en formation à l’Ecole Supérieure des Impôts de Clermont-Ferrand. Dans le caravel qui le ramenait en Tunisie, après son séjour en France, il se retrouve assis aux côtés d’un homme à la belle allure, qui, par inadvertance, renverse son café sur le pantalon de son voisin. S’engage alors entre les deux hommes une discussion qui leur permet de faire connaissance. Et il s’avère que le voisin d’El Haj Fehri Mehrez n’est autre que feu Ali Zouaoui, à l’époque gouverneur de la Banque Centrale, qui dit au jeune dont il venait de faire la connaissance qu’il perçoit chez le fonctionnaire qu’il est «le profil d’un homme d’affaires».

Une quarantaine d’années plus tard, le fondateur et ancien patron de «Judy» admet que c’est le gouverneur de la Banque Centrale qui «a déclenché en moi l’étincelle des affaires». De retour dans son Nabeul natal, Mohamed El Haj Fehri Mehrez décide de se mettre à son propre compte en créant une sorte de complexe «hôtelier» pour jeunes comprenant une crèche et une auberge de jeunesse.

Ayant obtenu un terrain de la municipalité, il s’en va demander un financement à un banquier. Et là aussi le futur promoteur fait une rencontre qui va s’avérer décisive pour son parcours d’homme d’affaires. Car, écartant d’un revers de main le projet que son interlocuteur lui soumettait, le banquier lui en propose un autre qui avait déjà été validé par une étude : un atelier de javel. C’est ainsi que commence l’histoire de Mohamed El Haj Fehri Mehrez avec ce produit dans lequel il deviendra plus tard leader.

Invité par le Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprises (CJD) à parler de son expérience d’hommes d’affaires et des clefs de la réussite dans ce domaine, aux adhérents de cette association, réunis le 20 septembre en assemblée générale, le patron aujourd’hui à la retraite de Judy a servi à ses auditeurs une leçon d’entrepreneuriat sous forme de flash-back sur une longue et fructueuse carrière, dont l’intéressé est en train de retracer le cheminement dans un livre à paraître en 2007 et intitulé «Enfin, j’ai approché la vérité».

Beaucoup ne le savent pas, mais Mohamed El Haj Fehri Mehrez est un véritable monument qui va laisser une empreinte indélébile dans l’histoire de l’entreprise en Tunisie. Homme sans complexe, il n’a aucun problème du fait qu’il n’a pas le bac et qu’il est un «self-made man». Son parcours est jalonné de réalisations qui sont autant d’étapes importantes dans la vie du pays d’une façon générale et de l’économie en particulier.

L’ancien patron de «Judy » n’est pas peu fier, par exemple, d’avoir été «le premier à introduire l’ordinateur au Cap-bon en 1985, et cela m’avait coûté 51.000 dinars tunisiens à l’époque». De même, «le premier cercle de qualité a été installé chez moi par les Japonais le 17 janvier 1986», se rappelle le conférencier.*

Ensuite, c’est à Judy, la marque phare de son groupe, que l’on doit le premier spot publicitaire diffusé le 19 janvier 1988. C’est également l’une des entreprises de Mohamed El Haj Fehri Mehrez qui a développé la première norme tunisienne.

Enfin, le créateur de «Judy» a été le premier récipiendaire du «Prix du progrès social».
(A suivre…)