Bouygues Telecom, “petit canard noir” à l’affût des clients

 
 
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Une enseigne de la société de téléphonie mobile Bouygues Telecom (Photo : Dominique Faget)

[06/09/2006 13:20:33] PARIS (AFP) L’opérateur Bouygues Telecom, qui se définit comme le “petit canard noir” de la téléphonie mobile, semble prêt à tous les sacrifices financiers pour gagner des parts de marché: ses résultats devraient pâtir dès cette année de ses nouvelles offres commerciales agressives.

Le PDG de Bouygues Telecom Philippe Montagner a ainsi prévenu mercredi, lors de la publication des résultats semestriels de Bouygues, que la marge opérationnelle de l’opérateur baisserait de 2 à 3 points en 2006.

En cause, le forfait illimité Neo, lancé en mars, qui lui fait gagner des abonnés mais qui lui coûte de l’argent: si son nombre de clients a augmenté de 10% au 1er semestre, avec 8,30 millions, sa marge a reculé de 2,6 points, à 14,7%.

“Le succès commercial (des offres Neo) a été deux fois plus fort que prévu”, a déclaré M. Montagner. A fin juin, 671.000 clients avaient souscrit un abonnement Neo, qui inclut les appels illimités vers les fixes et les mobiles de tous les opérateurs le soir après 20H00.

“Ce succès, c’est un investissement mais c’est aussi une augmentation de nos coûts d’acquisition”, a souligné M. Montagner. “C’est un investissement qui nous protège pour les années futures”, a-t-il insisté, assurant que “Neo sera rentable à terme”.

Le coût d’acquisition par client forfait, chez Bouygues Telecom, est passé de 237 à 251 euros en un an. Le revenu moyen par client forfait (Arpu), donnée de référence pour les opérateurs, a diminué pendant la même période, de 57 à 52 euros par mois.

Le surcoût généré par les offres Neo provient notamment des tarifs de terminaison d’appel que doit payer Bouygues Telecom à ses concurrents pour qu’ils acheminent les communications sur leurs réseaux: comme Bouygues le plus petit acteur du marché, la majorité des appels passés par ses clients iront vers ses concurrents, donc au prix fort.

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Martin Bouygues, patron du groupe éponyme, lors d’une conférence de presse à Paris, le 27 avril 2006 (Photo : Olivier Laban-Mattei)

C’est le “choix de l’offensive”, a martelé mercredi Martin Bouygues, PDG de la maison mère: “Nous pensons que nous avons une réelle opportunité d’améliorer nos parts de marché”. Dix ans après son lancement, bien après Orange et SFR, Bouygues Telecom peine encore à rattraper son retard de parc : au 30 juin, il ne pesait que 16,91% du marché.

Mais il garde confiance dans sa stratégie, qui tranche avec celle des concurrents : il est ainsi le seul à proposer des appels illimités vers tous les opérateurs, alors qu’Orange et SFR, plus prudents, ne proposent ce type d’appels qu’à l’intérieur de leur réseau (donc, sans surcoût). Dix ans plus tôt, il avait été le premier en France à proposer des forfaits de communications.

Il a été le seul à lancer i-mode, technologie japonaise d’accès à internet depuis son mobile, et refuse obstinément d’investir dans la 3G (haut débit mobile), plébiscitée par SFR et Orange, lui préférant le Edge, technologie intermédiaire, ou le HSDPA, appelée à remplacer la 3G. Il est enfin le seul à refuser d’accueillir un opérateur virtuel (MVNO) sur son réseau.

“Depuis 10 ans, nous avons un comportement atypique sur le marché des télécoms mais, pour le moment, les événements nous ont plutôt donné raison”, a assuré M. Bouygues, ajoutant fièrement: “Bouygues Telecom, c’est un peu le petit canard noir de la portée, oui et alors?”.

Cette année encore, il n’a d’ailleurs pas échappé à la sempiternelle question des journalistes sur une éventuelle cession de Bouygues Telecom, une hypothèse souvent évoquée par les analystes. Ce à quoi il a répondu: “Aujourd’hui dans Bouygues Telecom, nous nous sentons particulièrement à l’aise”.

Prochaine étape de sa stratégie: le marché entreprises, où l’opérateur veut proposer des offres convergentes (fixe, mobile et internet) basées sur l’échange de données par la téléphone mobile.

 06/09/2006 13:20:33 – © 2006 AFP