A l’université d’été du Medef, quatre syndicalistes au pays des patrons

 
 
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La présidente du MEDEF, Laurence Parisot (D), discute avec le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, le 30 août 2006 à Jouy-en-Josas, près de Paris (Photo : Pierre Verdy)

[30/08/2006 16:17:19] JOUY-EN-JOSAS (AFP) Quatre dirigeants syndicaux, François Chérèque (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO), Jacques Voisin (CFTC) et Bernard Van Craeneyst (CFE-CGC), se sont frottés mercredi au patronat “de base” à l’université d’été du Medef, alternant séduction et passes d’armes.

Rompus aux négociations avec les leaders patronaux, les représentants des salariés se sont retrouvés le temps d’un débat au milieu d’une assistance inhabituelle de grands, petits patrons et autres adhérents de base du mouvement des entrepreneurs.

C’est dans un petit amphithéâtre de HEC, sur le campus de Jouy-en-Josas (Yvelines) où le Medef a pris ses quartiers d’été, que le président de la CFTC, Jacques Voisin, subit son “baptême du feu”. Pour sa première participation, il intervient dans un atelier sur les “précarités et sécurités”.

Quand des chefs d’entreprise dénoncent un CDI trop rigide, frein selon eux aux licenciements, M. Voisin leur rétorque: “j’ai été juge aux prud’hommes pendant vingt ans. Un patron qui licenciait pour des motifs réels et sérieux n’était jamais condamné”. Bronca dans la salle, incrédule.

“C’était intéressant, j’ai trouvé le public attentif”, confie le syndicaliste après la séance. “Mais ces patrons semblent préférer les mesures radicales, comme la transformation du contrat de travail, aux réformes graduelles”, déplore-t-il.

Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, est déjà venu l’année dernière. “Je suis poli, quand on m’invite, je viens”, sourit-il à son arrivée, accueilli par la présidente du Medef Laurence Parisot.

Débattant du “capitalisme à la croisée des chemins”, M. Mailly souligne: “tout le monde ici pense que la concurrence est saine, alors est-il sain que le capitalisme n’ait aucun concurrent ?”. Et le syndicaliste de sourire aux propos de la ministre déléguée au Commerce extérieur, Christine Lagarde, qui affirme, péremptoire: “nous sommes tous des actionnaires”.

“Je ne me sens pas en terrain hostile”, assure de son côté le président de la CFE-CGC, Bernard Van Craeneyst, après un atelier sur le patriotisme économique. “On peut s’entendre sur des sujets qui concernent l’intérêt général du pays”, analyse-t-il.

Au sortir du débat, le dirigeant du syndicat des cadres se réjouit de voir “des petits patrons” venir lui “faire des remarques très positives”. “Il faut sortir de nos camps retranchés”, conclut M. Van Craeneyst.

La veille, François Chérèque (CFDT) était aussi apparu à son aise lors d’une séance plénière consacrée aux rapports peuples-élus. Le secrétaire général de la CFDT s’attire les rires des centaines de patrons rassemblés lorsqu’il se félicite d’être “assis à la gauche de Jean-Pierre Raffarin”.

Evoquant la réforme des retraites qu’il a soutenue en 2003, il est applaudi lorsqu’il rend hommage à l’ancien Premier ministre, “un homme qui a tenu ses engagements”.

A l’issue du discours, des chefs d’entreprise saluent en M. Chérèque “un homme de dialogue”. “C’est toujours ici que Chérèque va le plus loin dans l’ouverture”, remarque un petit patron de la région niçoise.

 30/08/2006 16:17:19 – © 2006 AFP