Sfax-Sidi Bouzid : Interrogations sur l’exportation des produits agricoles

 
 


im1_130206.jpgSfax et Sidi Bouzid étant de grandes régions
agricoles et de transformation des produits agricoles, la consultation sur
l’exportation, organisée le 15 août, a été dominée par le dossier des
produits agricoles d’une façon générale, et de l’huile d’olives et de la
tomate en particulier.

Sfax -et, loin derrière, Sidi Bouzid- ne sont pas trop mal lotis en matière
d’exportation, mais ces deux gouvernorats -et, en particulier, le second-,
ont une importante marge de progression. Et à l’instar des autres régions du
pays, les deux gouvernorats ont organisé, mardi 15 août à Sfax, leur
consultation sur l’exportation pour savoir comment s’y prendre afin
d’atteindre un nouveau palier dans ce domaine.

Dans son allocution d’ouverture, M. Mondher Zenaïdi, ministre du Commerce et
de l’Artisanat, a rappelé, comme il l’a fait en d’autres occasions, que
l’organisation de cette consultation constitue «une indication claire quant
à l’importance des secteurs du commerce et des services et à leur rôle
croissant dans l’économie nationale», et traduit la prise de conscience de
«l’importance des défis que posent les changements économiques mondiaux» et
de «la nécessité de trouver les meilleurs moyens afin de s’y adapter et de
tirer profit des opportunités qu’ils offrent et en limiter les effets
négatifs».

Le diagnostic de l’état des lieux en matière d’exportation à Sfax et à Sidi
Bouzid impose un constat : grâce à une activité économique diversifiée,
cette région a pu développer son activité commerciale et «créer un tissu
d’entreprises exportatrices» (581, soit 10,74% de l’ensemble des entreprises
exportatrices du pays qui s’élève à 5405), qui, avec 910 millions de dinars,
a réalisé en 2005 plus de 7,5% du total des recettes d’exportation du pays.

Comme ailleurs, se pose le problème de la maîtrise du savoir-faire en
matière d’exportation, qui semble moins aigu à Sfax-Sidi Bouzid que dans
d’autres régions, et de la prise de conscience de l’importance du défi de
l’exportation. Les autres faiblesses dont souffre cette région -et qui en
limitent les performances dans l’exportation- concernent la logistique,
l’organisation du système de production en vue de l’habiliter à exporter et
le niveau de performance de l’entreprise.

Sur le plan logistique, les opérateurs se plaignent surtout de l’absence de
liaisons aériennes internationales régulières à partir de l’aéroport de
Sfax, ce qui a pour conséquence de ne pas permettre un flux d’exportations
continu et oblige les exportateurs de la région à expédier leurs
marchandises à partir de l’aéroport de Tunis-Carthage, et à supporter de ce
fait des frais supplémentaires. L’absence d’un réseau moderne d’un transport
terrestre, qui n’est pas particulière à cette région, n’est pas faite aussi
pour arranger les choses.

Toujours en ce qui concerne l’environnement, les opérateurs mettent en avant
la faible implication des banques dans l’appui aux exportateurs et de la
trop forte centralisation de la décision au niveau de ces institutions
financières.

Les exportateurs critiquent également la lenteur des procédures
d’importation provisoire qui «retarde les opérations d’exportation, un
retard qui entraîne l’augmentation du coût et parfois la perte de la
marchandise du fait du dépassement des délais».

L’organisation de la production est un autre grand frein au développement
des exportations, en ce sens que les opérateurs se trouvent parfois dans
l’incapacité d’honorer des contrats faute de disponibilité de produits
exportables. Ce problème se pose notamment dans l’agriculture et l’industrie
agroalimentaire. En fait, comme tout le reste du pays, la région n’arrive
pas encore à produire suffisamment pour à la fois satisfaire le marché local
et extérieur, et reste de ce fait dans une logique
d’exportation d’excédents.

Enfin, le niveau de performance de l’entreprise laisse lui aussi parfois à
désirer et limite par conséquent le nombre d’opérateurs aptes à engager la
bataille de l’exportation. Pourtant, en dépit d’un faible taux d’encadrement
et d’une assez faible maîtrise du savoir-faire en matière d’exportation, les
entreprises exportatrices brillent par une très faible fréquentation des
cessions de formation organisées par les différents organismes d’appui.

Durant le débat qui a suivi les interventions du ministre du Commerce et de
l’Artisanat et les représentants des organismes concernés par le dossier de
l’exportation, la parole a été donnée à l’assistance composée d’hommes
d’affaires de la région. Sfax et Sidi Bouzid étant de grandes régions
agricoles et de transformation des produits agricoles, la plupart des
interventions ont été axées sur ces dossiers, avec une focalisation
particulière sur l’huile d’olives et la tomate.

Concernant la tomate, un intervenant, Habib Nsiri, a expliqué la baisse de
la récolte par «la fuite des agriculteurs de ce secteur gros consommateur
d’eau et, donc, l’hydrocarbures dont le prix ne cesse d’augmenter». Une
situation qui, constate l’orateur, «ne permet d’honorer les contrats avec
les marchés extérieurs». Et pour éviter ce genre de problèmes à l’avenir, M.
Nsiri propose «d’importer des quantités complémentaires de tomates, en cas
de besoin, pour les réexporter avec notre propre production, ainsi que le
font l’Espagne et l’Italie».

D’ailleurs, rappelle à juste titre M. Mohamed Salah Baccari, «à l’exception
de l’huile d’olives où les exportations tunisiennes atteignent 60% du quota
alloué, les autres produits agricoles plafonnent à 4%». Une situation dont
l’orateur demande à comprendre les causes -par une étude- et qui, selon lui,
est imputable à l’un de ces trois facteurs : faiblesse de la production qui
«ne permet pas de satisfaire la demande intérieure et d’exporter à la fois»
; la qualité du produit ou le coût.

Concernant le marché européen, M. Tarak Fourati, qui rappelle qu’ «il y a
une très forte de produits agricoles dans le monde», propose de «mettre en
place un place d’action afin d’encourager les agriculteurs à produire hors
saison européenne».

Abondant dans le même sens, M. Rachid Sellami souligne la nécessité «de
mettre en place une stratégie d’exportation garantissant l’équilibre de la
production afin que l’approvisionnement des marchés extérieurs ne s’arrête
pas, et pour garantir la qualité requise».

Satisfait de constater que «le Tunisien considère aujourd’hui l’exportation
comme une nécessité vitale», M. Mondher Zenaîdi a rappelé que le ministère
de l’Agriculture avait fait réaliser une étude sur la manière d’utiliser les
quotas accordés à la Tunisie sur le marché européen.