USA : la Fed relève son taux directeur à 5,25% et rassure les marchés

 
 
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Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke, le 5 juin 2006 à Washington (Photo : Paul J. Richards)

[29/06/2006 20:46:00] WASHINGTON (AFP) La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé jeudi son principal taux directeur d’un quart de point à 5,25% et a laissé les options ouvertes pour l’avenir, au grand soulagement des marchés.

Cette hausse d’un quart de point, la 17e consécutive en deux ans, correspond aux attentes des analystes.

Le comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale a souligné dans son communiqué que la croissance “se modère” après son rythme “plutôt élevé” en début d’année.

Dans le même temps, elle a jugé que “les chiffres de l’inflation de base ont été élevés ces derniers mois”.

Aussi, “même si la modération de la croissance de la demande devrait aider à limiter les pressions inflationnistes à terme, le comité estime qu’il reste certains risques d’inflation”, selon la banque centrale.

Ces éléments résument tout le dilemme de la Fed: d’un côté l’économie est en train de ralentir, ce qui plaide pour une politique de taux conciliante afin de ne pas étouffer l’activité. Mais, par ailleurs, l’inflation reste à des niveaux préoccupants, ce qui rendrait logique d’augmenter les taux pour ne pas laisser les prix déraper.

Les marchés, qui craignaient que la banque centrale n’aille trop loin dans son cycle de resserrement monétaire, ont réagi avec soulagement. Le Dow Jones a bondi de 1,98%, sa plus forte progression en une séance depuis avril 2005, tandis que le dollar reculait face à l’euro et au yen.

“Ce qui était perçu comme un risque dans le précédent communiqué est devenu un fait dans celui d’aujourd’hui : la Fed confirme le ralentissement de l’activité économique” aux Etats-Unis, ont commenté les analystes de la banque Ixis.

En effet la banque centrale a souligné d’entrée de jeu la décélération de la croissance qu’elle a notamment expliquée par “le ralentissement graduel du secteur du logement et les effets décalés des hausses des taux d’intérêt et des prix de l’énergie”.

La hausse du PIB a atteint 5,6% en rythme annuel au premier trimestre, un rythme intenable pour les analystes qui s’attendent à une nette décélération dès le printemps.

“Le marché attendait un discours beaucoup plus ferme sur l’inflation”, a réagi Rafael Martorell, de BNP Paribas.

Par exemple la Fed n’a pas explicitement parlé d’un nouveau resserrement monétaire. Elle a aussi jugé que “les attentes d’inflation restent contenues”.

Mais l’économie tourne à plein régime et l’énergie reste chère, ce qui “a la capacité de soutenir les pressions inflationnistes”, a-t-elle également souligné.

Face à ces incertitudes, la Fed s’est donc gardé la possibilité de continuer à augmenter le loyer de l’argent sans s’engager trop avant.

“La Fed se donne le maximum de marge de manoeuvre. Ce qui signifie que nous pourrions voir tous les scénarios de hausse dans les six mois à venir, de 0,25 point à 0,75 point”, estime Narinam Behravesh, de Global Insight.

Pour lui, le FOMC est bien parti pour relever ses taux une nouvelle fois en août. “Nous pensons aussi que le risque d’avoir de nouvelles hausses à l’automne augmente”, ajoute-t-il.

Quoi qu’il en soit, la Fed a répété qu’elle se déciderait au vu des futures statistiques.

“L’ampleur et le moment de tout resserrement monétaire qui serait nécessaire pour parer à ces risques dépendra de l’évolution des perspectives pour l’inflation et la croissance”, selon le communiqué.

Le comité répondra “de façon appropriée aux changements de perspectives économiques pour atteindre ses objectifs”, a répété la Fed.

 29/06/2006 20:46:00 – © 2006 AFP