Eurotunnel arrache une réduction de moitié de son énorme dette

Par : Autres

 

Eurotunnel arrache une
réduction de moitié de son énorme dette

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Le PDG d’Eurotunnel
Jacques Gounon le 12 avril 2006 à Paris

Eurotunnel a arraché à ses principaux
créanciers une réduction de plus de moitié de sa gigantesque dette de 9
milliards d’euros, ce qui sauve le groupe franco-britannique de la faillite,
mais seulement à condition que ses petits actionnaires avalisent ce plan à
la mi-juillet.

 

“C’est le plan de la dernière chance”, a
martelé mercredi le PDG Jacques Gounon lors d’une conférence de presse,
renvoyant la balle dans le camp des actionnaires qui se réuniront le 12
juillet en assemblée générale.

 

Si Eurotunnel n’obtient pas une majorité simple
en faveur du plan de restructuration, “dès le lendemain je demanderai la
protection de la justice”, a-t-il affirmé.

 

Les petits actionnaires individuels
d’Eurotunnel (70% du capital), échaudés par l’effondrement du cours boursier
depuis 20 ans, devront accepter le risque d’une dilution du capital.

 

Le plan présenté mercredi a été négocié entre
Eurotunnel et les réassureurs américains MBIA et Ambac, les fonds
d’investissement Oak Tree et Franklin, ainsi que la Banque européenne
d’investissement (BEI), qui pèsent ensemble un peu plus de la moitié de la
dette.

 

Ils ont accepté une réduction de la dette à
4,24 milliards d’euros.

 

Pour soutenir ce programme, Eurotunnel a
recruté trois banques: l’américaine Goldman Sachs, l’australienne Macquarie
et la britannique Barclays.

 

Le financement prévoit en particulier
l’émission de titres cotés “hybrides”, à mi-chemin entre endettement et
fonds propres, pour 1,5 milliard d’euros.

 

Au bout de cinq ans, si Eurotunnel s’avère
incapable de racheter ces titres, ils seront convertis et il y aurait
dilution du capital, un scénario très défavorable aux petits actionnaires.

 

M. Gounon a cependant jugé “réaliste” le rachat
par la société de 40% des titres hybrides, ce qui réduirait cet effet
négatif. Il a souligné par ailleurs qu’il n’y aura aucune dilution avant
trois ans.

 

Le PDG d’Eurotunnel “limite la casse, c’est un
accord réaliste”, a estimé Daniel Bondia, trésorier de l’Association de
défense des actionnaires d’Eurotunnel (Adacte), en appelant à contenir au
maximum la dilution.

 

Le plan sera mis en oeuvre par une nouvelle
société mère française, cotée à Paris et Londres. Dans cette holding,
l’actuel Eurotunnel nommera sept administrateurs, tandis que quatre autres
sièges seront réservés aux investisseurs.

 

Les actionnaires actuels pourront rejoindre
cette nouvelle société via une Offre publique d’échange à l’automne.
L’opération sera validée si au moins 60% des actions existantes sont
apportées.

 

La création de la holding pourrait
s’accompagner d’un regroupement d’actions, pour sortir Eurotunnel de la
catégorie peu enviable des “pennystocks” (les actions ne valant que quelques
centimes), a dit M. Gounon.

 

Actuellement suspendu, le titre Eurotunnel vaut
44 centimes d’euros, contre près de 15 euros à son plus haut en 1989. M.
Gounon a évoqué un regroupement à raison d’une action pour 40.

 

Le plan risque de faire grincer les dents des
porteurs d’obligations d’Eurotunnel, très mal placés dans la hiérarchie des
remboursements. L’accord prévoit de leur verser 120 millions d’euros, alors
qu’en valeur faciale les obligations représentent 2,7 milliards d’euros.

 

M. Gounon a toutefois affirmé que la valeur sur
le marché de ces titres était très inférieure, et que certains porteurs
d’obligations s’étaient remboursés via les intérêts perçus ces dernières
années.

 

 

© AFP 2006

Photo : Jacques Demarthon