Prodi prépare un pacte pour la croissance pour redresser l’Italie

Par : Autres

 

Prodi prépare un pacte pour
la croissance pour redresser l’Italie

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Romano Prodi, le 2 mai
2006 à Rome

Romano Prodi va prendre les commandes d’une
Italie économiquement à genoux et prépare avec Tommaso Padoa-Schioppa, son
futur ministre de l’Economie, un pacte pour la croissance afin de réduire le
coût du travail et relancer la compétitivité des entreprises italiennes.

 

“Ils vont nous regretter. Nous avons été le
meilleur gouvernement de la République”, s’est vanté mardi soir Silvio
Berlusconi, après avoir remis sa démission au chef de l’Etat.

 

Son successeur, Romano Prodi, est d’un avis
contraire et les chiffres parlent d’eux-même.

 

Silvio Berlusconi et son ministre de l’Economie
Giulio Tremonti laissent un déficit public à 4,1% du PIB en 2005 (contre
3,1% lors de leur arrivée au pouvoir en 2001), une dette publique à 106% du
PIB, une croissance nulle, des pans entiers de parts de marché perdus.

 

Le Fonds Monétaire international (FMI), l’OCDE
et l’Union européenne s’inquiètent de ce bilan et appellent à des mesures
d’urgence.

 

Romano Prodi avait dénoncé une “situation
désastreuse des comptes publics à faire battre le pouls” lors de son premier
face-à-face télévisé avec Berlusconi pendant la campagne électorale, et une
de ses premières décisions, une fois investi, sera la désignation d’une
commission de cinq sages chargés d’un audit des comptes de l’Etat.

 

Il a également annoncé un rapide correctif au
budget conçu par son prédécesseur Silvio Berlusconi pour éviter un dérapage
des compte publics et respecter les engagements pour réduire le déficit
public.

 

L’opération va être douloureuse. Le quotidien
économique Il Sole 24 Ore chiffre mercredi entre 35 et 42 milliards d’euros
le montant de la manoeuvre pour ramener le déficit public italien à 3% du
PIB, comme l’exige le pacte de stabilité européen.

 

Mais le grand argentier aura également fort à
faire pour empêcher la dette publique de croître. Car chaque fois que la
Banque centrale européenne (BCE) intervient avec une hausse des taux pour
maîtriser l’inflation, elle augmente le coût de la dette italienne.

 

Troisième économie de la zone euro, membre du
G7, le groupe des sept nations les plus industrialisées, la péninsule n’est
plus que son ombre, victime des clichés attachés à ses maux. L’un d’eux,
l’évasion fiscale, a été chiffrée par Romano Prodi à 200 milliards d’euros.

 

En attendant son investiture, le nouveau chef
du gouvernement italien consulte. Il a rencontré mercredi le gouverneur de
la Banque d’Italie, Mario Draghi, associé à son projet de pacte pour la
croissance.

 

L’objectif est d’inverser la tendance. Le pacte
sera proposé aux syndicats et au patronat. Il comportera une lourde part de
sacrifices car il demandera “une maîtrise des salaires et l’engagement des
entreprises à réinvestir les profits avec pour résultat une augmentation de
la productivité et une reprise de la compétitivité”, souligne Il Sole.

 

Mais ce projet doit être accepté par les petits
entrepreneurs, majoritaires en Italie. Des contrôles seront nécessaires pour
veiller au respect du pacte et éviter une multiplication des conflits
sociaux.

 

“L’entreprise qui attend Romano Prodi est
titanesque, mais elle a eu des précédents en Europe”, affirme le quotidien,
qui cite les cas de l’Irlande et de l’Espagne.

 

“Le défi pour Romano prodi est de s’accrocher à
la reprise de la croissance”, explique l’économiste Guido Gentili. “La
composition de son équipe donnera des indications sur le mode d’approche des
problèmes”, souligne-t-il, avec une mise en garde contre une tentation trop
gauchisante, “car alors les problèmes vont augmenter”.

 

 

© AFP 2006

Photo : Mario Laporta