Le Brésil proclame son autosuffisance pétrolière

Par : Autres

 

Le Brésil proclame son
autosuffisance pétrolière

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Une plateforme
pétrolière de la compagnie Petrobras inaugurée par le président Lula,
le 9 juin 2005 à Rio de Janeiro.

Le Brésil proclame vendredi son autosuffisance
pétrolière à l’occasion de l’entrée en production d’un nouveau gisement en
eau profonde, au moment où les craintes de pénurie mondiale font exploser
les cours du pétrole brut.

 

Le démarrage de la plateforme pétrolière P-50
permettra au Brésil d’atteindre cette année une production moyenne de 1,91
million de barils de brut par jour, un niveau supérieur à la consommation
qui devrait tourner entre 1,8 et 1,9 mbj, selon la compagnie pétrolière
brésilienne Petrobras.

 

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da
Silva appuiera lui-même vendredi sur le bouton qui déclenchera le début de
l’extraction à partir de la plateforme P-50, située sur le gisement d’Albacora
Est dans le Bassin de Campos, à 120 km des côtes de Rio de Janeiro
(sud-est).

 

La “plateforme de l’autosuffisance”, longue de
337 mètres, s’élève à 55 mètres au-dessus des flots -la hauteur d’un
immeuble de 18 étages- et pèse 77.000 tonnes. Elle extraira 180.000 barils
par jour, soit 12% de la production moyenne, par 800 à 2000 mètres de fond.
Sa construction a coûté 634 millions de dollars.

 

Le gouvernement Lula est bien décidé à faire de
cet événement un moment d’orgueil national: vendredi est férié à l’occasion
de la fête de Tiradentes, symbole de l’indépendance. Une campagne télévisée
qui a coûté quelque 14 millions de dollars est également en cours.

 

“L’autosuffisance va permettre au Brésil de se
blinder contre d’éventuelles crises d’approvisionnement et de fortes
spéculations sur les prix. De plus, le pétrole devient un produit positif
dans la balance commerciale du pays qui commencera à recevoir des devises
avec l’exportation du brut et des dérivés”, a déclaré mercredi à l’AFP le
professeur Adriano Pires, directeur du centre brésilien d’infra-structure.

 

Selon le président de Petrobras José Sergio
Gabrielli, dès cette année le Brésil va dégager un excédent de quelque 3
milliards de dollars dans ses échanges pétroliers, jusqu’à présent
déficitaires.

 

Le baril de Brent de mer du Nord a atteint un
nouveau record historique de 73 dollars mercredi à Londres et certains
experts voient déjà le brut à 100 dollars.

 

Pour autant le Brésil ne profitera pas de son
indépendance pétrolière pour pratiquer des prix inférieurs sur son marché.

 

“Le fait d’être autosuffisant en pétrole ne
veut pas dire que le prix dans le pays est indépendant de celui pratiqué
dans le monde”, car le Brésil n’est pas une économie fermée, a souligné M.
Gabrielli dans un entretien paru mardi dans le quotidien Folha de Sao Paulo.

 

“L’économie brésilienne peut être plus stable
en termes de prix. Mais elle ne peut se détacher du prix international”,
a-t-il ajouté.

 

Petrobras assure que l’autosuffisance est
durable: elle est garantie pour les dix prochaines années grâce aux réserves
actuelles.

 

C’est la découverte de gisements géants en mer
dans le Bassin de Campos en 2003 qui a donné un coup de fouet à la
production de pétrole du Brésil. En 1997 elle n’atteignait que 870.000
barils/jour, couvrant un peu plus de la moitié de la consommation.

 

Découvert en 1986, le gisement d’Albacora Est
contient à lui seul des réserves prouvées de 500 millions de barils de
pétrole et de 7,3 milliards de m3 de gaz naturel.

 

Dans les cinq prochaines années, Petrobras va
investir quelque 49,3 milliards de dollars, dont plus de la moitié dans des
projets visant à consolider l’autosuffisance. D’ici 2010, de nouveaux
gisements vont commencer à produire en série, ajoutant près de 1,5 million
de barils/jour supplémentaires.

 

Par rapport à 2004, la production de brut va
augmenter de 54%, les exportations de 190% tandis que les importations vont
diminuer de 65%, selon la compagnie.

 

 

© AFP 2006

Photo : Vanderlei Almeida