Privatisation : entre finances publiques et marché financier

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Privatisation : entre
finances publiques et marché financier

Par Khaled BOUMIZA

 

privatisation_20040106.jpgLa
privatisation, en Tunisie, va bon train. Le dernier appel d’offres a été
lancé le samedi 22 mai 2004 et concerne la cession d’éléments d’actifs d’une
unité hôtelière à Korbous. Depuis son démarrage, en 1987, et jusqu’au 30
avril de cette année 2004, le programme de désengagement de l’Etat Tunisien
du secteur productif a vu la privation, totale ou partielle, de 176
entreprises et cela a rapporté à la trésorerie de l’Etat quelque 2359 MDT.
53% des opérations ont concerné une privatisation totale des 93 entreprises
concernées, 1% de ce programme (3 entreprises) s’est fait en concession,
alors que les OPV n’ont concerné que 10 entreprises (6% du programme des
privatisations).

Les secteurs touchés par cette privatisation, ont été essentiellement les
services (54% des opérations) où le tourisme et l’hôtellerie se sont taillés
la part du lion. Vient ensuite l’industrie avec 60 entreprises privatisée et
où les entreprises de matériaux de construction ont été les plus nombreuses.

Il est important, à ce stade de ce banchmarking du marché de la
privatisation en Tunisie pendant 17 années, il est important de remarquer
que ce sont les 3 opérations de vente par concession, qui ont rapporté le
plus gros des sous engrangés par le trésor public Tunisien, c’est-à-dire 756
MDT. Il s’agit de l’Office National des Pêches en 4 opérations pour un
ensemble d’investisseurs Tunisiens avec un apport de 0,739 MDT, le free-shop
de l’aéroport de Tunis Carthage pour le suisse Weitnawer pour le montant de
24,744 MDT et la téléphonie mobile pour Orascom la somme de 680 MDT.

Dans son rapport 2003 sur la Tunisie, l’OCDE rapportait que « le programme
et le calendrier des privatisations (…) s’inscrivent dans une politique plus
générale d’amélioration de l’initiative privée, mais ils sont également été
motivés par la consolidation des finances publiques et la dynamisation du
marché financier

Pour un pays qui dispose pourtant d’une bourse et qui plus est, s’est
toujours plainte à travers toutes les crises qu’elle a traversées, de manque
de profondeur (petit nombre des entreprises cotées), seuls 11 opérations de
privatisation se sont faites en OPV et sont donc passées par la bourse de
Tunis et n’ont donc représenté que 3.5% des opérations de privatisation.
Elles n’ont concerné que de petits pourcentages du capital (10% au minimum
comme le cas de la Stip et 32.2% maximum comme dans le cas de la Siphat),
elles ont pourtant rapporté 83 MDT, avec une moyenne de 7.5 MDT (plus que ce
que proposait d’investir Siemens et Bosch réunis à Nafta 3 !). Par
opération, même si la comparaison ne peut être viable, elles ont même
rapporté plus que les 90 ventes d’éléments d’actifs (4 MDT chacune). Ainsi
donc, si l’objectif de la consolidation des finances publiques est atteint,
celui de la dynamisation du marché financier ne semble pour l’instant pas
faire partie des premiers soucis du programme de privatisation.

Selon des chiffres officiels, une trentaine d’entreprises seront privatisées
en 2004, dont 10 dans l’industrie, notamment Société nationale de
distribution de pétrole (SNDP, 35% du capital), la Société des industries
automobiles (100% du capital) et Tunisie lait (74,63% du capital). Si cette
dernière n’a jusqu’à présent pas trouvé acquéreur, l’Américain Exxon Mobil
et le britannique BG Group ont été, selon l’AFP, consultés pour les 35% de
parts à céder dans la SNDP. Dans les services, une dizaine de sociétés sont
concernées, il y a essentiellement la Banque du sud (33,54%) pour laquelle
la BNP est en course avec les Italiens et les Marocains, en lui prêtant
l’intention d’installer en Tunisie la fusionnant avec l’UBCI la plus grande
banque Tunisienne.

Au rayon des concessions publiques, à signaler la cession d’une station de
dessalement de l’eau de mer à Djerba (sud), la réalisation d’un projet
éolien d’une capacité de production de 300 mégawatts et la construction du
nouvel aéroport d’Enfidha dans la région de Sousse (Cote Est de la Tunisie).

27 projets exactement sont affichés sur le site dédié à la privatisation,
dont la Société Tunisienne des industries automobiles (cession de 100% du
capital et l’appel d’offres pour le choix d’une banque d’affaire est en
cours), la Sotacib pour laquelle le groupe semble avoir pris option, les
Plâtres Tunisiens déjà vendus semble-t-il pour une société Allemande, la
STIL (ventes d’éléments d’actif) pour laquelle la SFBT aurait des vues et
aurait déjà conclu. Il y a aussi deux ateliers de construction métalliques
(SACEM et ACMG) 8 hôtels) et d’autres sociétés agricoles. Tunisie Télécom ne
figure en tous cas pas dans cette liste, ni dans celle des opérations et
restructuration en cours de finalisation (3 hôtels, 2 sociétés agricoles et
une entreprise fans l’industrie du bois).

Dans toutes ces opérations, à aucun moment la technique de l’OPV n’a été
choisie !
 

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02 – 06 – 2004 à 07:00