Jamais sans mon bureau mobile !

Par : Autres

   

Jamais sans mon
bureau mobile
!

 


manag_01.jpgEn acceptant ce
téléphone mobile professionnel, « histoire d’être joignable », vous
sentiez confusément que vous mettiez le doigt dans l’engrenage. Plus tard,
lorsque vous avez reçu un ordinateur portable, « histoire de ne pas
perdre trop de temps dans les déplacements
», le pressentiment s’est
transformé en certitude. Bingo! Vous aviez raison. Maintenant que tout le
monde a son téléphone mobile et son ordinateur portable, on raccorde les
deux et on passe à la phase 3 du plan, la phase ultime : le bureau mobile.

 

Pour les moins clairvoyants,
dissipons les malentendus sémantiques : le bureau mobile n’est pas un meuble
de PC doté de roulement à billes pour quadra régressif adepte du roller. Le
bureau mobile n’a pas d’existence physique : c’est un concept. Il fait
fureur à l’heure de l’économie qui ne s’arrête jamais, car il s’appuie sur
une panoplie d’outils informatiques connectés, dont on va peu à peu vous
équiper pour vous faire travailler tout le temps et partout. Bien sûr, la
chose ne vous sera pas présentée ainsi. Votre hiérarchie va plutôt vous dire
: «Tu vas voir ! Avec le bureau mobile, tu vas augmenter à fond ta
collaborativité

 

Bon, vous, vous pensiez qu’avec
votre téléphone mobile vous étiez déjà super-collaboratif. C’est vrai, vous
appeliez souvent votre boss après les réunions importantes pour signaler «
ça s’est plutôt bien passé » ou « on va sans doute décrocher le
contrat
», et vous en profitiez pour prendre des nouvelles des enfants
(on n’est pas des robots, tout de même !). Mais là, vous étiez petit joueur,
car, au cas où vous ne vous en seriez pas aperçu, vous n’échangiez que… de
la voix. Avec le bureau mobile, on vous fait miroiter un nouvel eldorado : «
échanger des datas ».

 

Data, quesaco ? « Data »
égale méfiance, car « data » égale données. Et des données, ce sont
des trucs écrits : des e-mails, des rapports, des états des stocks, des
prévisions. Donc, on vous explique que vous pourrez échanger tout cela en
permanence. Mais il y a une embrouille. Car pour envoyer un rapport, il faut
l’écrire. Pour faire baisser des stocks, il faut vendre. Pour produire des
prévisions, il faut les calculer. Et merci de ne pas attendre de repasser au
bureau pour faire tout cela, puisque le bureau, vous l’avez sur vous. Bref,
vous n’avez plus seulement le fil à l’oreille, mais aussi le fil à la patte.

 

Dans certaines boîtes, la
transition se fait en douceur. On propose des outils transitionnels pour
vous acclimater au vrai bureau mobile. Le Pocket PC, par exemple. Vous vous
dites : « J’adore les trucs miniatures ! C’est tout mignon, un Pocket PC.
C’est comme les BNPocket, on l’emmène pour son quatre heures et les copains
sont jaloux.
» Mais, derrière la version pocket, la version standard
n’est pas loin, et alors tout change. A Marie Amélie, ils ont dit: «
Maintenant que tu es connectée aux données de l’entreprise avec ton bureau
mobile, tu ne te contentes plus de la représenter, tu l’incarnes tout
entière.
» Elle n’en demandait pas tant, Marie Amélie. Mais elle a
compris le concept, désormais : ce n’est pas le bureau qui est mobile, c’est
elle qui est mobilisée pour le bureau.

 

 

Par Anne Sophie Bellaiche

MANAGEMENT n°99- Juin 2003


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