Les travaux du Colloque de Tunis pour le roman arabe se sont poursuivis vendredi pour la deuxième journée consécutive, avec la tenue à la Bibliothèque nationale de la troisième séance littéraire consacrée au thème « Le rêve dans le roman arabe : dialogisme du soi et du sens ».
Modérée par la romancière tunisienne Nour El-Houda Badis, la séance a réuni l’écrivain tunisien Majdi Ben Aissa, la Libyenne Aïcha Ibrahim et le Mauritanien Mohamed Lamine Mohamed Lamine, autour de lectures critiques portant sur les fonctions esthétiques et narratives du rêve dans la fiction arabe contemporaine.
Intervenant en ouverture, Nour El-Houda Badis a estimé que « le rêve accompagne toute expérience créative », soulignant qu’aucune écriture ne naît hors de ce champ imaginaire. À partir de quatre romans tunisiens, – « Reeh Assabbar » de Massaouda Boubaker, « Jihad Naem » de Mohamed Issa Meddab, « Bagdad wakad intassafa allaylo fiha » de Hayet Erraies et « 2160 » de Hedi Jaballah – elle a montré comment le rêve traverse les registres réaliste, autofictionnel et fantastique pour exprimer une vision sociale et politique.
La romancière libyenne Aïcha Ibrahim a ensuite présenté une lecture des « esthétiques du rêve » dans trois œuvres de la littérature libyenne contemporaine parmi lesquelles “Nazif el-Hajar ” (Le Saignement de la pierre) du célèbre écrivain Ibrahim al Koni, affirmant que le rêve y devient un espace où se croisent désir, inconscient, mythe et réalité. Selon elle, cette forme narrative reflète « un tournant esthétique profond » dans l’écriture romanesque en Libye.
De son côté, l’écrivain Majdi Ben Aissa a abordé la relation entre rêve et écriture expérimentale dans la fiction tunisienne. À partir de romans de Sofiane Rajab, Amine el-Ghozzi et Ibrahim Dargouthi, il a soutenu que le rêve offre au texte « un ressort essentiel de déconstruction narrative », permettant aux écrivains de s’affranchir du référent réaliste.
La séance s’est achevée avec l’intervention du chercheur mauritanien Mohamed Lamine Mohamed Lamine, qui a retracé l’évolution du roman mauritanien à travers plusieurs œuvres emblématiques. Il a mis en avant le rôle du rêve dans la structure de romans tels que « Les Noms changeants », « La Tombe inconnue » ou « Le Crépuscule azuré », où il prend une dimension symbolique et métaphysique.
Les travaux du colloque se poursuivent dans l’après-midi avec une quatrième séance dédiée au thème « Le symbole et les esthétiques du récit ».


