
En ce vendredi 28 novembre 2025, 40 ans après son départ prématuré, l’écran s’est allumé pour sacrer Béchir Salem Belkhiria : pas seulement un homme, mais une empreinte, une enseigne devenue emblème en Tunisie (BSB). Chaque image projetée, chaque témoignage recueilli, chaque réalisation évoquée dépassaient le simple récit : ils constituaient une véritable célébration de l’œuvre de Béchir Salem Belkhiria. Car certains destins ne se contentent pas d’être racontés : ils s’imposent comme des héritages partagés, des exemples à suivre.
Bechir rêvait d’une Tunisie meilleure, il s’y est investi corps et âme, aux dépens de sa famille, de ses propres affaires et de sa santé. Son amour pour la Tunisie dépassait toutes ses passions.
La valeur d’un homme : non pas l’âge, mais les réalisations
Dans certaines cultures antiques (Grèce, Rome, Celtique), les stèles valorisaient les exploits, les métiers ou les vertus du défunt, plus que son âge. Visionnaire et ambitieux, BSB considérait lui aussi que la valeur d’un homme se jugeait par ses réalisations et non par son âge.
Ce fût prémonitoire : lui-même n’a pas vécu longtemps, mais a beaucoup accompli. De ses nombreux périples à travers le monde, il rapportait des objets qui racontaient l’histoire et la civilisation des pays visités. Selon le témoignage de Nacef Belkhiria, il était ébloui par la communauté des chercheurs, convaincu que le savoir et la science étaient les clés du progrès.
Racines tunisiennes et horizons mondiaux : une formation au service de l’excellence
Né le 4 mars 1930 à Jemmel, Béchir Salem Belkhiria est décédé prématurément le 26 novembre 1985. Diplômé de l’ESSEC à Paris (1958) et titulaire d’un MBA de l’Université de New York (1960), il incarne cette synthèse rare entre savoir global et enracinement local.
L’audace comme moteur
De retour en Tunisie, il n’a pas craint d’ouvrir des chemins inexplorés. Fondateur de BSB, bientôt phare de la bureautique, il initia cercles de qualité, essaimage et capital-risque, et osa des projets que l’on jugeait alors chimériques : ver à soie et chèvres alpines, université libre, compagnie aérienne et plaques solaires annonciatrices du futur photovoltaïque.
Entre innovation, sport et culture : un homme aux multiples horizons
Précurseur économique, la vie de BSB fut une constellation d’expériences, une quête incessante d’horizons nouveaux. Il introduisit officiellement Toyota en Tunisie en 1976, anticipant l’essor du marché automobile et bâtissant une filière synonyme de fiabilité et de modernité.
Bâtisseur sportif, président de la Fédération Tunisienne de Rugby, il fait de Jemmel un berceau sportif national, inscrivant son nom dans l’histoire du sport tunisien.
Homme de lettres, auteur de plusieurs ouvrages en arabe, français et espagnol, il enrichit la réflexion intellectuelle et culturelle. Ses collaborateurs le désignaient affectueusement par “Si Béchir”, reflet d’une autorité exercée avec dignité, humanité et respect.
L’économie aussi est un patrimoine
Rendre hommage au grand homme qu’a été Béchir Salem Belkhiria, même dans un cadre familial, relève de la justice et de la reconnaissance de la compétence et du mérite. Mais cet hommage aurait pu — et devrait — trouver une dimension institutionnelle, à travers un patronat qui valorise les bâtisseurs du secteur privé ou un État qui reconnaît le mérite des édificateurs de la Tunisie moderne et pas seulement pour lui mais pour beaucoup d’autres oubliés, trop souvent gommés de l’histoire économique du pays.
Reconnaître les bâtisseurs du secteur privé et les édificateurs de la Tunisie moderne, c’est inscrire leurs réalisations dans la mémoire collective et rappeler que l’avenir de la Tunisie, se construit aussi par ceux qui osent entreprendre.
On oublie trop souvent qu’ils peuvent inspirer la jeunesse, offrir des modèles de réussite et d’innovation et renforcer l’image du pays en révélant son potentiel à produire des leaders visionnaires.
Un héritage pour la Tunisie de demain
Béchir Salem Belkhiria fut multidisciplinaire : entrepreneur, sportif, intellectuel, bâtisseur. Son parcours illustre que la prospérité d’une nation ne se construit pas seulement dans les urnes ou sur les scènes, mais aussi dans les ateliers, les entreprises et les marchés.
Honorer sa mémoire, c’est rappeler que l’économie est aussi un patrimoine, et que les bâtisseurs économiques sont des héros de l’avenir.
A.B.A
EN BREF
- Béchir Salem Belkhiria (1930–1985) demeure une figure majeure de la Tunisie moderne.
- Entrepreneur multidisciplinaire et visionnaire, il a fondé BSB et introduit Toyota en Tunisie.
- Formé à l’ESSEC Paris et à l’Université de New York, il a combiné savoir international et engagement local.
- Il a innové dans la bureautique, les cercles de qualité, l’essaimage et le capital-risque.
- Il a initié des projets pionniers : énergie solaire, agriculture, aviation, université libre.
- Président de la Fédération Tunisienne de Rugby, il a fait de Jemmel un centre sportif.
- Son héritage rappelle que l’économie est aussi un patrimoine et que les bâtisseurs méritent d’être honorés.


