Argentine MileiLe président argentin Javier Milei a remporté une victoire politique majeure à l’occasion des élections de mi-mandat, confirmant sa position dominante sur l’échiquier national et renforçant la légitimité de son programme économique radical. Moins d’un an après son arrivée à la Casa Rosada, le chef de l’État libertarien, souvent qualifié de « disrupteur » de la politique argentine, a vu son mouvement La Libertad Avanza (LLA) s’imposer dans plusieurs provinces clés et au Sénat, où il gagne en influence.

Ce scrutin, observé de près par les marchés internationaux et les partenaires régionaux, marque une étape cruciale dans la tentative de Milei de transformer en profondeur l’économie argentine. Son agenda — privatisations massives, réduction du rôle de l’État, dérégulation du travail et libéralisation du commerce — continue de diviser une société déjà fragilisée par des années d’inflation chronique et de dévaluation monétaire.

Alors que l’inflation annuelle dépasse encore 130 %, les premières mesures du président ont suscité des tensions, notamment dans la fonction publique et les milieux syndicaux. Mais les résultats des urnes montrent que le pari populiste et anti-système de Milei conserve une forte traction dans une large partie de l’électorat, lassée des alternances péronistes et conservatrices sans effet tangible sur leur quotidien.

Une victoire interprétée comme un plébiscite

Pour ses partisans, cette victoire constitue un mandat clair pour poursuivre les réformes économiques sans compromis. Les dirigeants du LLA y voient la preuve que les Argentins « veulent tourner la page du déclin » et accepter les sacrifices nécessaires à un redressement durable. Plusieurs médias locaux, comme La Nación et Clarín, soulignent que le président bénéficie encore d’un capital politique inhabituellement élevé à ce stade de son mandat.

À l’inverse, les syndicats et la gauche dénoncent une « dérive autoritaire » et une politique « socialement brutale ». Des manifestations ont eu lieu à Buenos Aires et Córdoba dans les heures suivant l’annonce des résultats, les opposants accusant Milei de vouloir « marchandiser » les services publics essentiels, notamment la santé et l’éducation.

Un signal fort pour l’Amérique latine

La réémergence d’une droite ultralibérale en Argentine résonne au-delà de ses frontières. Dans la région, le phénomène Milei est perçu comme le symptôme d’un réalignement politique. Son discours antisystème, mêlant conservatisme culturel et dérégulation économique, trouve un écho auprès de mouvements émergents au Brésil, au Chili et au Paraguay.

Les États-Unis et les institutions financières internationales, dont le Fonds Monétaire International (FMI), suivent de près l’évolution de la situation. Le gouvernement argentin, toujours en négociation avec le FMI pour restructurer une dette de plus de 40 milliards USD, espère que cette victoire renforcera sa capacité à imposer un plan d’austérité « crédible ».

Vers une recomposition du paysage politique

Sur le plan interne, cette consolidation du pouvoir de Milei ouvre une nouvelle phase de confrontation entre exécutif et institutions. Ses détracteurs au Congrès redoutent une concentration excessive du pouvoir, tandis que ses soutiens y voient la condition nécessaire pour « rompre avec l’immobilisme ».

Pour beaucoup d’observateurs, le résultat des mi-mandats ne clôt pas le débat : il ne fait que l’amplifier. L’Argentine, laboratoire de populismes successifs, teste une fois encore la capacité d’un dirigeant atypique à transformer une crise structurelle en opportunité politique. Reste à savoir combien de temps le souffle de cette révolution économique tiendra face aux réalités sociales d’un pays en quête d’équilibre.