EconomieAprès avoir enregistré une croissance nulle en 2023 et subi, depuis, un embargo financier international de fait après le refus du FMI et ses alliés d’accorder à la Tunisie des facilités de paiement, l’économie tunisienne a commencé, en 2025, à se ressaisir et à améliorer sa visibilité dans le monde financier. A preuve,  deux récentes bonnes nouvelles méritent qu’on s’y attarde.

La première concerne l’amélioration en septembre 2025, du rating souverain. L’Agence de notation internationale Fitch Ratings a relevé la note de « CCC+ » à « B- » avec une perspective stable. L’Agence a justifié cette amélioration relative puisque le défaut de paiement demeure, par plusieurs facteurs : meilleure position extérieure du pays, caractérisée par une baisse du déficit courant,  résilience des investissements directs étrangers (IDE) et des décaissements de partenaires internationaux.

« La Tunisie a surpris les observateurs en enregistrant une croissance de 3,2 % au deuxième trimestre, un chiffre supérieur aux anticipations des institutions financières. »

La Banque mondiale révise ses prévisions et l’explique

La deuxième, la plus importante à notre avis, a trait à la révision à la hausse, de ses prévisions de croissance du PIB réel pour la Tunisie à 2,6% en 2025 (+0,7%)par rapport à ses estimations d’avril 2025 (1,9%).

Dans son rapport  économique sur le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Afghanistan et le Pakistan (MENAAP), publié, le 7 octobre 2025, la Banque mondiale a expliqué sa décision par trois facteurs positifs exogènes et internes qui ont prévalu en 2025 :

  • des conditions climatiques favorables (une année pluvieuse),
  • une détente des prix mondiaux (baisse des prix des matières premières et denrées alimentaires)
  • maintien d’une politique monétaire restrictive (réduction drastique des importations).

Dan le détail, cette amélioration de la croissance serait soutenue par les apports et performances de quatre secteurs :

  • l’agriculture, notamment, des filières céréalières (1, 8 million de tonnes environ sur des besoins totaux de 3,3 millions de tonnes)  et oléicole (production record estimée à 340 mille tonnes),
  • le regain du secteur de la construction (travaux publics et bâtiment…),
  • le tourisme (plus de 10 millions de touristes attendus),
  • les transferts des tunisiens résidents à l’étranger (estimés à 7 milliards de dinars environ).

Malgré cette révision, la Banque mondiale demeure sceptique quant à la relance de l’économie tunisienne et le justifie. D’après l’institution de Bretton woods, l’économie tunisienne reste moins dynamique que la moyenne d’Afrique du nord où la croissance devrait dépasser 3,5% en moyenne sur la période 2025-2026.

« L’agence Fitch a amélioré la note de la Tunisie, soulignant une meilleure position extérieure et la résilience des IDE. »

 

Pour la Banque mondiale, les réformes structurelles en matière d’équité fiscale, de gouvernance, d’entreprises publiques et de concurrence demeurent indispensables pour renforcer durablement la croissance.

Le point de vue des experts

Interpellé, par la radio privée, Jawhara FM,  sur les tenants et aboutissants de cette révision, l’universitaire et économiste Ridha Chkoundali, a expliqué que « cette révision est due au fait que la Tunisie a réalisé, au deuxième trimestre, un taux supérieur aux attentes, atteignant 3,2 % ».

“C’était une surprise, même pour les experts économiques », a-t-il dit. L’universitaire a rappelé que, pour atteindre le taux de croissance de 3,2 % prévu pour l’année 2025, la Tunisie devrait enregistrer un taux de croissance, durant le second semestre, supérieur ou égal à 4 %, ce qui reste difficile” selon lui.

« Entre relèvement de note et meilleure croissance prévue, la Tunisie retrouve une place plus visible sur la scène financière. »

 

Et l’économiste d’ajouter : « Pour atteindre le taux de croissance prévu par la BM, soit 2,6 %, et qui demeure très optimiste, il faut que quatre secteurs majeurs se réveillent : le phosphate, la construction, l’agriculture et le tourisme ».

Par delà le point de vue des uns et des autres, nous pensons que l’amélioration du rating souverain tunisien et la révision par la Banque mondiale des prévisions de croissance du PIB réel pour la Tunisie à 2,6% en 2025 (+0,7%), constituent, à priori,  de bonnes nouvelles, voire une bonne publicité pour la Tunisie dans le monde financier international. N’oublions que la Tunisie,  en enregistrant une croissance nulle en 2023 revient de loin. A bon entendeur.

ABOU SARRA

EN BREF

  • Fitch Ratings relève la note de la Tunisie à B- avec perspective stable.
  • La Banque mondiale prévoit une croissance de 2,6 % du PIB en 2025.
  • Reprise soutenue par l’agriculture, le tourisme, la construction et les transferts.
  • Les réformes structurelles restent indispensables pour une relance durable.
  • Deux signaux positifs qui redonnent confiance aux partenaires internationaux.