Contrairement aux généralités de la première version du projet de loi de finances 2026 (PLF 2026 ) présentée, auparavant, par le gouvernement, une mouture chiffrée a été soumise pour examen, le 16 octobre 2026,  à l’Assemblée des représentants du peuple. En voici les principales caractéristiques.

Orientation générale : Sans s’inscrire dans le cadre d’une vision cohérente sur le long terme, voire sans boussole, le projet se propose de réaliser, l’espace d’une année, des mesures sociales audacieuses, des réformes fiscales structurantes et un recours plus prononcé à l’endettement intérieur pour cofinancer le budget.

Les dispositions phares : Hausse des salaires, impôt sur la fortune, cofinancement direct du budget par la Banque centrale, création de 23 mille emplois dans le secteur public, la filière oléicole promue au rang de priorité nationale…

Montant du budget : Il est fixé à 79,624 milliards de dinars pour l’exercice 2026.

Il sera financé par des recettes estimées à 52,560 milliards de dinars dont 47,773 milliards proviendront de ressources fiscales, soit 82 % du total. Il s’agit d’une augmentation  de 5,2% par rapport à l’exercice 2025.

Le budget servira à financer des dépenses évaluées à 63,5 Milliards de dinars soit une hausse de 6,4% par rapport à l’exercice précédent.

Déficit budgétaire : il  atteindrait, en 2026, 11,015 milliards de dinars contre 10 milliards de dinars dans la loi de finances 2025.

Financement du budget :  les besoins de financement en emprunt intérieur et extérieur sont estimés à 27 Milliards de dinars contre 28 Milliards de dinars une année auparavant.

Ce montant est destiné à couvrir le déficit et le remboursement du principal de la dette , estimé à 7,9 milliards de dinars pour la dette intérieure et autant pour la dette extérieure.

Ces besoins d’emprunt seront couverts par des ressources intérieures 19 milliards de Dinars dont une nouvelle facilité de prêt sera fournie par le nouveau garant de la soutenabilité du budget tunisien, la Banque centrale de Tunisie (BCT) les ressources d’emprunt extérieures devraient être limitées à 6,8 milliards de dinars.

« Le PLF 2026 fixe le budget à 79,624 milliards de dinars, dont 82 % proviennent des recettes fiscales, une hausse de 5,2 % sur un an. »

 

Emploi : Le PLF2026 prévoit le recrutement net de 23.000 agents publics ce qui porterait l’effectif total de la fonction publique à 687 mille agents en 2026.

Le projet met l’accent sur le rôle social de l’État dans la la création d’emplois et l’incitation au recrutement des diplômés de l’enseignement supérieur dans le secteur privé, avec une prise en charge progressive de leurs cotisations sociales par l’État.

Il prévoit également de renforcer le Fonds national de l’emploi, en donnant priorité aux chômeurs de longue durée et en finançant des programmes de formation pour les jeunes diplômés et les étudiants en fin d’études. Des dispositions exceptionnelles ciblent l’emploi des chômeurs de longue durée, avec des programmes de formation et d’intégration adaptés.

Salaires :  Le PLF 2026 prévoit des majorations salariales par décret dans les secteurs public et privé ainsi que pour les pensions de retraites pour les années 2026, 2027 et 2028. Les taux de majoration ne sont pas précisés. Cette mesure exclut les traditionnelles négociations salariales avec les partenaires sociaux.

« Les 23 000 recrutements prévus dans la fonction publique portent les effectifs à 687 000 agents. »

 

Réforme des caisses de sécurité sociale : le PLF 2026 prévoit principalement un plan de sauvetage des caisses sociales. Deux mesures majeures soint prévues. Il s’agit de diversifier leurs sources de financement et de créer un fonds spécial pour stabiliser leur équilibre.

Une série de nouvelles micro-taxes ont été instituées pour renflouer les caisses sociales : timbre sur les factures des grandes surfaces, contribution sur les recharges téléphoniques, taxe sur les jeux en ligne, prélèvement sur la location automobile.

L’Etat au chevet d’entreprises publiques déficitaires : Le PLF 2026 prévoit un soutien aux grandes entreprises publiques, telles que la Compagnie des Phosphates de Gafsa, Office du commerce, Sucre Tunisie : effacement de dettes et de pénalités fiscales, exonération de TVA et de droits de douane… Le budget alloué au soutien du secteur public (ministères et entreprises publiques), est estimé à 1,585 milliard de dinars.

Le PLF 2026 se veut aussi écologique

D’importantes mesures sont prises pour renforcer la transition écologique :

  • Elargissement du champ du Fonds de transition énergétique, qui subventionnera jusqu’à 3 points d’intérêt pour les prêts liés à l’efficacité énergétique et à l’achat de véhicules électriques.
  • Réduction de 15% des droits de douane prélevés sur l’importation des panneaux solaires,
  • Exonération de TVA et de droits de douane les batteries lithium et leurs composants,
  • Réduction jusqu’à 50% des taxes sur les voitures hybrides rechargeables,

Secteurs : la filière oléicole est promue au rang de priorité nationale, avec suspension de la TVA et exonération douanière sur les intrants du conditionnement (mise en bouteille).

« Le déficit budgétaire atteindrait 11,015 milliards de dinars, contre 10 milliards dans la loi précédente. »

 

Mesures fiscales : le PLF2026 institue également plusieurs réformes :

  • un impôt sur la fortune. applicable à partir de 3 millions de dinars de patrimoine, avec un taux progressif de 0,5 % à 1 %,
  • généralisation de la facture électronique à tous les prestataires de services (création des caisses enregistreuses  et leur connexion à une plateforme de l’administration du fisc),
  • régularisation des biens saisis par la douane moyennant une amende de 20 %,
  • suppression de l’article limitant les paiements en espèces, marquant une libéralisation encadrée des transactions.
  • hausse des droits d’enregistrement (3 % au lieu de 1 %) et doublement du droit fixe à 200 dinars pour les transferts immobiliers non enregistrés,

Investissement : le PLF 2026 a prévu des financements ciblés pour les PME, voire un ensemble de lignes de crédit sociales et productives, confiées principalement à la Banque tunisienne de solidarité (BTS) et à la BFPME.

Près de 80 millions de dinars seront consacrés à : la création d’emplois dans les régions défavorisées, au financement sans intérêt de jeunes porteurs de micro-projets, des prêts saisonniers pour les petits exploitants agricoles.

Les pauvres ne sont pas oubliés : une enveloppe de 20 millions de dinars pour les ménages à faibles revenus, avec des prêts plafonnés à 10.000 dinars sur six ans.

Le PLF2026 se veut écolo : Le PLF 2026 se veut aussi écologique.

  • Il élargit le champ du Fonds de transition énergétique, qui subventionnera jusqu’à 3 points d’intérêt pour les prêts liés à l’efficacité énergétique et à l’achat de véhicules électriques.
  • Les panneaux solaires voient leurs droits de douane réduits à 15 %, les batteries lithium et leurs composants sont exonérés de TVA et de droits de douane, et les voitures hybrides rechargeables bénéficient de réductions de taxes allant jusqu’à 50 %.
  • Des incitations ambitieuses sur le papier, mais limitées dans leur portée macroéconomique, tant que la transition énergétique reste dépendante d’importations et d’un cadre industriel balbutiant.
  • Soutien ciblé aux entreprises publiques et aux secteurs stratégiques
  • Autre pan du projet de la Loi de finances 2026 : le sauvetage discret des entreprises publiques.
  • La Compagnie des phosphates de Gafsa obtient une exonération totale des droits de douane et de TVA sur ses importations et achats locaux.
  • L’Office du commerce de la Tunisie et la Société tunisienne de sucre bénéficient, eux, d’un effacement de dettes et de pénalités fiscales.
  • Enfin, la filière oléicole est promue au rang de priorité nationale, avec suspension de la TVA et exonération douanière sur les intrants d’embouteillage, sous supervision directe de la présidence.

EN BREF

  • Budget total : 79,624 milliards de dinars, financé à 82 % par les impôts.
  • Déficit budgétaire en hausse à 11,015 milliards de dinars.
  • 23 000 recrutements publics et hausse salariale prévue par décret.
  • Nouvelles micro-taxes pour renflouer les caisses sociales.
  • Soutien de 1,585 milliard de dinars aux entreprises publiques.
  • Mesures écologiques : allégement fiscal sur les véhicules électriques et panneaux solaires.