Au commencement ce constat : depuis l’institution, au mois de mai 2012, par le ministre de la Réforme administrative de l’époque, Mohamed Abbou, de la semaine des cinq jours comme régime officiel du secteur public, les Tunisiens ont tendance à exploiter les week-ends prolongés pour voyager à l’intérieur du pays.
Les bus pris d’assaut dans les grandes villes
Il suffit de faire un tour, vendredi soir et à l’aube de chaque samedi et de chaque dimanche, du côté du jardin Habib Thameur (à Tunis), pour constater le nombre impressionnant de bus qui vont transporter des Tunisois vers les destinations touristiques du pays : sites archéologiques, musées, sites naturels et autres.
Dans les autres villes du pays, à Sfax, tout comme à Sousse, à Bizerte, au Kef, à Monastir, à Kairouan, à Mahdia, à Nabeul…, le spectacle est le même. De longues files de bus attendent tôt le matin ou la nuit pour transporter une clientèle diversifiée : jeunes, couples, groupes d’amis, professionnels, et même des familles.
Un besoin croissant d’évasion
Une chose est sûre : les Tunisiens, du sud au nord, sont de plus en plus nombreux à ressentir un besoin de s’évader et de passer le week-end en dehors de leur ville natale ou de leur lieu de travail. Plus simplement, la demande est très forte et à portée de main.
En Europe, une industrie bien encadrée
En Europe, ce type de tourisme est une véritable industrie prospère. Elle présente l’avantage d’être bien réglementée. Les jeunes qui peuvent supporter de dormir dans les bus sont les plus enclins à recourir à ce genre de tourisme pour découvrir, au moindre coût, les capitales et les meilleurs sites touristiques européens.
Une filière tunisienne sous-exploitée
En Tunisie, cette niche est sous-exploitée. L’informalité y règne. Des particuliers prennent souvent l’initiative de louer des bus aux sociétés de transport et de transporter les voyageurs-visiteurs.
En l’absence de contrôle, des drames peuvent arriver. Tout le monde a encore en mémoire l’accident de route d’un bus à Aïn Snoussi-Amdoun (Nord-Ouest de Tunisie). Cet accident, survenu le 1er décembre 2019, a fait trente morts ainsi que quinze blessés.
L’enjeu serait donc pour le ministère du Tourisme d’encadrer en toute urgence cette filière et d’établir des normes réglementaires rigoureuses.
Le potentiel des courts séjours
L’idéal serait d’étendre ce type de tourisme vers d’autres produits. Il s’agit de promouvoir ce que les professionnels appellent « le tourisme des séjours courts » : escapades de courte durée, souvent de quelques jours à une semaine.
Ces séjours, qui ne cessent de gagner en popularité, sont encouragés par des emplois et des modes de vie plus flexibles (télétravail). Les voyageurs d’aujourd’hui recherchent davantage de pauses courtes pour s’évader du quotidien.
Des formules diversifiées
Au nombre de ces séjours courts figurent pêle-mêle les week-ends prolongés, les occasions spéciales (mariages), le tourisme agro-écologique (observation et exploration de la nature, chasse, pêche, randonnées, gastronomie locale…), le tourisme culturel et de patrimoine (visite de sites archéologiques…), les thérapies douces (thalasso, argilo).
Mention spéciale pour ce dernier produit : au regard de la forte attractivité confirmée des bains maures pour les Tunisiens et les étrangers, des professionnels proposent de construire, dans toutes les villes et villages touristiques de Tunisie, « les plus beaux hammams du monde ». Le retour d’investissement est garanti, d’après eux.
Un levier contre la saisonnalité
Par ailleurs, les courts séjours touristiques ont un impact positif considérable sur la saisonnalité du tourisme tunisien. Ils permettent aux hôteliers de diversifier leur clientèle et de remplir leurs hôtels en période touristique creuse.
Une tendance durable
Cela pour dire, au final, que ce soit pour assister à un événement ou simplement pour se ressourcer le temps d’un week-end, les courts séjours font désormais partie des tendances touristiques qui connaissent, de nos jours, le plus de succès.
Une opportunité pour les hôteliers
La balle est désormais dans le camp de nos hôteliers pour présenter des offres promotionnelles et en tirer le meilleur profit.
EN BREF
- Depuis 2012, les week-ends prolongés stimulent le tourisme intérieur.
- Les bus remplis de voyageurs illustrent une forte demande nationale.
- La filière reste informelle et marquée par des risques de sécurité.
- Les courts séjours diversifiés (nature, culture, bien-être) gagnent en popularité.
- Ils permettent de réduire la saisonnalité et d’offrir de nouvelles opportunités aux hôteliers.