Un an seulement après sa nomination, Laurent Freixe, directeur général de Nestlé, a été évincé du groupe suisse. La raison officielle : une « relation amoureuse non déclarée » avec une subordonnée directe. L’affaire met en lumière les règles de plus en plus strictes imposées par les multinationales en matière d’éthique et de transparence, et relance le débat sur les frontières entre vie privée et obligations professionnelles.
Une décision brutale au sommet
L’annonce a fait l’effet d’un choc : le dirigeant français a été limogé avec effet immédiat. Si une liaison n’est pas illégale, son absence de déclaration constitue une violation du code interne du groupe, conçu pour éviter tout conflit d’intérêts et préserver l’équité entre collaborateurs. « La réputation de l’entreprise est prioritaire », a insisté le conseil d’administration en officialisant son départ.
Ce licenciement intervient alors que Nestlé traversait déjà une phase délicate, marquée par des défis stratégiques sur des marchés en mutation. Pour rassurer investisseurs et salariés, le groupe a immédiatement nommé un successeur : Philipp Navratil, un vétéran de la maison, chargé de rétablir la stabilité.
L’épineuse frontière entre privé et professionnel
L’affaire illustre aussi la diversité des législations selon les pays. En France, une relation entre collègues relève du domaine privé et ne peut pas, en principe, justifier un licenciement, sauf s’il y a un préjudice avéré pour l’entreprise. En Suisse, en revanche, la loi offre une grande latitude aux employeurs, autorisant un licenciement sans motif précis. Les entreprises multinationales appliquent donc leurs propres standards internes, souvent plus stricts que le cadre légal local.
Cette décision traduit une exigence accrue de transparence au sein des conseils d’administration, où l’éthique et l’exemplarité deviennent indissociables de la fonction dirigeante. Pour les cadres supérieurs, la frontière entre vie privée et responsabilité professionnelle se réduit à mesure que les attentes en matière de loyauté et d’image se renforcent.
Une leçon pour les dirigeants
En sanctionnant un manquement de loyauté plutôt qu’une relation intime en soi, Nestlé adresse un message clair : au plus haut niveau, tout écart non déclaré peut être perçu comme une menace pour l’image de l’entreprise. Dans un contexte de gouvernance scrutée de près par les marchés et les actionnaires, l’exemplarité devient une obligation contractuelle.