La Commission européenne a officiellement validé le mercredi 3 septembre 2025 l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, une étape décisive avant la ratification formelle par les États membres et le Parlement européen.
Ce que prévoit l’accord (sources clés)
- Suppression des droits de douane:
- Mercosur supprime les taxes sur 91 % des exportations européennes, notamment sur les voitures (actuellement taxées à 35 %) sur une période de 15 ans.
- L’UE supprime les droits de douane sur 92 % des exportations du Mercosur en l’espace de dix ans.
- Quotas agricoles élargis: l’accord prévoit un quota supplémentaire de 99 000 tonnes de bœuf et 30 000 tonnes de fromage en exonération de droits, ainsi que des quotas pour la volaille, le sucre, le riz ou encore le miel.
- Avantages géographiques protégés: 350 indications géographiques européennes seront reconnues, protégeant des produits comme le Parmigiano Reggiano.
Avantages économiques et stratégiques
- Réduction annuelle estimée des droits de douane à hauteur de plus de 4 milliards d’euros, selon la Commission.
- Le pacte permet aux entreprises européennes de soumissionner aux marchés publics du Mercosur dans des conditions comparables aux locaux, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour l’industrie européenne.
- Soutien à la diversification face aux tensions commerciales avec les États-Unis et la dépendance vis-à-vis de la Chine pour les minerais stratégiques (notamment le lithium).
- Estimation de 440 000 emplois soutenus en Europe grâce à l’essor des exportations, qui pourraient atteindre +49 milliards d’euros.
Mesures de protection et garanties
- Mécanismes de sauvegarde: possibilité d’enquête en cas de volume d’importations perturbant les marchés sensibles, activation d’un fonds d’urgence renforcé (~1 milliard d’euros/an), et suspension de droits si nécessaire.
- En France, un “filet de sécurité” budgétaire de 6,3 milliards d’euros a été évoqué pour soutenir l’agriculture.
Opposition et préoccupations
- Critiques environnementales: ONG telles que Friends of the Earth dénoncent un risque majeur d’accroissement de la déforestation en Amazonie, malgré des engagements de zéro déforestation après 2030 jugés peu contraignants.
- Position ferme de la France, considérée comme l’un des plus opposés au sein du bloc, en lien avec les risques pour ses producteurs de bœuf.
- Pologne et Italie pourraient rejoindre la France dans son opposition, ce qui menacerait la ratification.
- Une ratification possible avant la fin de 2025, tant que la présidence tournante du Mercosur est assurée par le Brésil, selon certains responsables européens.
EN BREF
- La Commission européenne soumet l’accord commercial UE–Mercosur à l’approbation des États et du Parlement.
- Soutiens : Allemagne, Espagne et industriels européens, qui y voient un marché clé et une alternative à la Chine.
- Oppositions : France, agriculteurs et ONG, dénonçant un « texte inacceptable » sur les plans sanitaire et environnemental.
- Ratification difficile : majorité qualifiée requise et divisions politiques fortes.
- Bruxelles multiplie les accords parallèles (Mexique, Inde, Indonésie, Émirats) pour diversifier ses partenariats.