Depuis plusieurs mois, Tripoli vit au rythme d’une tension militaire qui ne faiblit pas. Ces derniers jours, la mobilisation de forces lourdement armées venues de Misrata, alliées au Gouvernement d’union nationale (GNU), a ravivé les inquiétudes. Leur présence massive autour de la capitale est perçue comme le prélude à un affrontement avec la Force spéciale de dissuasion (RADA), maîtresse de l’aéroport de Mitiga, d’une base militaire stratégique et d’un centre de détention sensible.
La peur d’un retour aux violences n’est pas infondée. En mai 2025, la capitale avait déjà sombré dans le chaos après l’assassinat d’Abdel Ghani al-Kikli, dit Ghaniwa, chef redouté du Stability Support Apparatus (SSA). Cet épisode avait déclenché de violents affrontements entre la Brigade 444, fidèle au GNU, et les factions rivales du SSA et de RADA.
Les combats avaient gagné en intensité avec l’entrée en scène des milices de Zawiya, alliées à RADA. Résultat : des prisonniers évadés, l’aéroport de Mitiga paralysé, des familles entières contraintes de fuir leurs quartiers.
Sous la pression internationale, un cessez-le-feu avait finalement été conclu le 14 mai. Quelques jours plus tard, l’UNSMIL (Mission d’appui des Nations unies en Libye) et le Conseil présidentiel libyen annonçaient la création d’un comité de trêve, chargé de surveiller l’application de l’accord.
Mais aujourd’hui, l’ombre de nouveaux affrontements plane à nouveau. L’accalmie obtenue au prix d’efforts diplomatiques reste fragile. Et, dans les coulisses, une question revient avec insistance : Tripoli peut-elle éviter de basculer une fois de plus dans la guerre ?