Mis en service en 1975, le port de pêche de Skhira, dans le gouvernorat de Sfax, s’étend sur trois hectares de domaine public maritime, dont 2,6 réservés aux bassins et s’apprête à bénéficier d’un vaste projet de rénovation visant à moderniser ses infrastructures et dynamiser l’activité économique locale.
Il abrite actuellement une flotte d’environ 150 embarcations côtières, parmi lesquelles 75 sont motorisées, ainsi qu’une demi-douzaine de thoniers à senne tournante spécialisés dans la capture du poisson bleu.
Selon Adel Ammari, chef du port de Skhira, la production annuelle de la région en ressources halieutiques avoisine les 250 tonnes (selon les dernières statistiques de 2024).
Le projet en cours vise à donner un nouveau souffle au port de Skhira à travers la réhabilitation et la modernisation de ses infrastructures.
Il prévoit la remise à niveau des quais, des équipements de levage et de mise à l’eau, mais aussi la création de deux quais flottants, d’un marché de gros du poisson de 230 m² et d’un atelier de réparation des filets sur 140 m².
Une aire d’entretien pour les bateaux ainsi qu’un plan incliné pour les navires viendront compléter ces aménagements.
En parallèle, le port sera entièrement clôturé, doté d’un nouvel éclairage public, d’un point d’approvisionnement en eau potable et d’un réseau d’assainissement rénové, avec à la clé la création de nouveaux espaces fonctionnels.
D’un coût estimé à près de 25 millions de dinars, ce projet s’inscrit dans le cadre de la coopération technique tuniso-italienne.
Il devrait constituer un tournant majeur pour la rentabilité et le développement du port, en facilitant le travail des pêcheurs de la région, selon la même source.
Les études de faisabilité ont déjà franchi le cap de 90%, mais leur concrétisation a été retardée par divers obstacles, notamment la question du site de dépôt des sédiments de dragage, finalement résolue lors d’une réunion avec le délégué de la région le 27 mai 2025.
De leur côté, des représentants des pêcheurs ont souligné que plusieurs facteurs avaient contribué au déclin de la productivité du port et affecté l’activité de pêche.
Certains ont même abandonné la profession, invoquant les effets du changement climatique qui ont entraîné une raréfaction des ressources halieutiques.
L’état vétuste des infrastructures, restées sans entretien depuis des décennies, a également réduit la rentabilité des pêcheurs, aggravée par l’absence d’éclairage public, la flambée des prix du carburant et des intrants nécessaires à l’équipement des embarcations (glace, stockage, frais d’amarrage, etc.).
Selon eux, le coût quotidien d’exploitation d’un bateau varie entre 170 et 180 dinars, un montant difficilement compensé par les revenus de la pêche. Ils ont par ailleurs dénoncé la prolifération du crabe bleu, responsable de la détérioration des filets, bien que sa capture représente désormais une source de revenus pour certains.
D’autres pêcheurs ont insisté sur l’urgence d’une réhabilitation rapide du port et sur la nécessité d’interdire la pêche au filet bourse, jugée destructrice des ressources marines, en plus de réclamer le ramassage des déchets plastiques et le nettoyage des zones maritimes polluées par les résidus d’hydrocarbures des embarcations.
Pour sa part, Abdelhamid El Bach, membre du conseil local de Skhira, a souligné le retard du projet de dragage et de modernisation du port, appelant à valider rapidement le site retenu pour le dépôt des sédiments, déjà utilisé en 2007. La décision reste toutefois en suspens, une partie des résidus provenant du complexe chimique voisin.